Haydn, un orchestre, un mécène.
La symphonie n°45 de Haydn (1772) est un chef d’oeuvre musical au sujet duquel les quelques lignes qui suivent ne peuvent épuiser la richesse mais dont l’histoire, on l’espère, éveillera chez vous la curiosité.

C’est l’histoire d’un mécène (le Prince Esterhazy), d’un compositeur (Haydn) et d’un orchestre. Tous passent l’été dans la résidence d’été du Prince, loin de tout et longtemps. Les musiciens s’impatientent. Il faut dire que leurs femmes et leurs enfants sont restés à Eisenstadt et que certains sont jeunes mariés. Haydn, lui, jouit des faveurs et de l’admiration du Prince. Son épouse l’accompagne mais il est chef d’orchestre avant tout et il a toujours pris la défense de ses musiciens.
Le temps passe, l’été aussi et le Prince, si fier de sa demeure qu’il édifie à l’image de Versailles, n’a toujours pas donné le signal du départ. Que faire quand on s’appelle Haydn ? Eh bien on compose une symphonie inhabituelle qu’on jouera devant le Prince. Quelle symphonie ! Une symphonie au cours de laquelle, peu à peu, les instruments se taisent et les musiciens quittent la scène après avoir soufflé la chandelle qui illumine leur partition.
Une grève mise en musique ? On pardonnera à Gang Flow cette expression malheureuse. La symphonie n°45 de Haydn, c’est plutôt le jeu raffiné d’un compositeur qui a noué avec son mécène une relation si particulière qu’il ose la douce musique de l’impertinence.
Plus tard, cette symphonie a été jouée en 1784 au Concert Spirituel à Paris sous le titre « Symphonie où l’on s’en va » et programmée pour la dernière séance du Concert Spirituel dans la salle des Suisses du Palais des Tuileries. L’adieu à cette salle a donné à la symphonie le nom qu’elle porte désormais : Symphonie « Les adieux ».