Nous sommes le 11 novembre 2018, cent ans plus tard… Nous aurions pu choisir d’apporter notre humble contribution à l’océan des publications de la semaine. A quoi bon ? Des journalistes talentueux ont fait leur travail, tandis que les hommes politiques ont fait le leur. Tout va donc très bien dans notre France de 2018. La commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 est menée comme il se doit.
Le hasard des correspondances a suscité chez l’un de nos amis le désir de confier l’histoire de son grand-père, Max Herold (1892-1958). Max, grand-père également de Stephane Audoin-Rouzeau, historien de La Grande Guerre, Fred Vargas, romancière, Jo Vargas, peintre…….Max que vous voyez ici, le regard embrumé des souvenirs des combats de la forêt des Eparges.
La forêt des Eparges, voilà une bataille connue des spécialistes pour annoncer les batailles de Verdun et de la Somme. Durée des attaques longue de plusieurs semaines, séries d’offensives et de contre-offensives, gains territoriaux extrêmement faibles, voire nuls. Est-ce la peine de parler de ces batailles comme d’autres écriraient un art de la guerre ? Le regard de Max suffit.
Herold et Bizet. Max Herold et Jean Bizet, c’est l’histoire toute simple et touchante de deux jeunes hommes qui portaient le nom de deux compositeurs français du dix-neuvième siècle. Ils n’en portaient que le nom, car la musique de leur jeunesse n’a pas pris le tempo de l’opérette.
Cette période de commémorations de la « grande guerre » rappelle à mon souvenir l’anecdote que la tradition familiale colporte. En 1912, Max HEROLD, mon grand-père, est incorporé dans un régiment d’infanterie à Cherbourg. Y est également incorporé un dénommé Jean BIZET. L’un comme l’autre ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam.
Pour faire un bon mot, l’officier chargé de l’affectation des conscrits, à la lecture de leurs noms s’exclame : « BIZET, HEROLD… à la musique !». Les voilà rejoignant une « arme » dont ils ignorent tout. Désignés pour des tâches subalternes que leur nullité crasse en musique appelle, ils deviendront camarades.
1914 survient. Avec les autres, ils sont engagés dans les premiers combats à Charleroi en Belgique. Jean y sera blessé, fait prisonnier, puis échangé avant de poursuivre sa convalescence en Suisse. C’est Max qui adresse à la jeune fille qui accompagnait Jean sur le quai de la gare, lors de retour de permission, la nouvelle de la blessure de son frère. Des correspondances durant tout le conflit… Ils ne se retrouvent tous les trois qu’après le 11 novembre 1918.
En 1921, Max épouse Denise, la sœur de Jean. De copains de régiments, ils deviennent beaux-frères………….. Je n’ai pas connu Max, décédé l’année de ma naissance. Il nous a transmis la crainte des conflits, beaucoup d’humanité et pas une once de sensibilité musicale….
Source : Gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France / Madame Caristie-Martel, pensionnaire de la comédie française, déclame des vers de M. Hannecart près de la tombe du soldat inconnu ; photographie de presse :
Agence Rol. Agence photographique
1922