L’après Bataclan chez Sony Music France : Observer les artistes pour apprendre à désapprendre

Parlons création, chanson et musiques. Celles qui imprègnent la mémoire de chacun. Mieux encore, celles qui entrent dans le patrimoine musical d’une génération…

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Crédit photo : Nejrom Photo / Shutterstock : Man with conceptual body art


« Bon nombre des artistes qui ont créé ces musiques là l’ont fait dans des moments faibles de leur vie (…..) « , nous dit Claude Monnier en évoquant Claude François, Farrell Williams ou Barbara Streisand.

Le 15 novembre 2018, nous avons rencontré Claude Monnier, directeur du Capital Humain chez Sony Music France. Capital Humain, voilà comment il préfère indiquer sa fonction sur sa carte de visite plutôt que Directeur des Ressources Humaines. Les quelques lignes qui suivent feront la démonstration de toute l’importance de cet effet de style qui tord le cou au langage commun des cartes de visites professionnelles. Mais après tout, on est chez Sony Music France et c’est peut-être la clef aussi.

Raconter le processus créatif des artistes, c’est là sans doute un lieu commun chez Sony Music France. C’est beaucoup plus profond quand au lendemain des attaques terroristes du Bataclan, Claude Monnier se trouve confronté à une réalité brutale et à une difficulté de management de taille : comment accompagner les salariés de Sony présents dans ce théâtre martyre dans leur retour à la vie professionnelle « normale » ? C’est que pour les salariés qui ont vécu un tel traumatisme, l’immense difficulté à se réinstaller dans une logique du quotidien les conduit le plus souvent dans l’ornière. En RH et de façon générale, constate Claude Monnier, « le temps faible conduit souvent à la sanction ».

C’est justement sur ce constat-là qu’il a souhaité travailler dans sa « maison Sony » comme il l’appelle. Comment ? En calquant le processus créatif des artistes qui ont créé une oeuvre remarquable alors qu’ils étaient dans un moment faible de leur vie. C’est ainsi que Sony Music France et son Directeur du Capital Humain ont remis ces personnes traumatisées « au centre ». Une expression qui ne veut rien dire, ou qui justement veut tout dire. Chez Sony, cela a impliqué des déplacements de fonctions, du temps et de l’attention donnés à ces salariés à qui la seule demande réellement formulée a été celle de la créativité. On a ainsi écarté les critères académiques de savoir et de savoir-faire pour développer une logique du développement et de la création. On a appris à désapprendre pour mieux se créer et créer.

Quand Claude Monnier énonce la conclusion, ses yeux brillent. Fierté ou émotion ? On parlera plus volontiers de passion chez ce maître du capital humain. En effet, la totalité des personnes inscrites dans cette logique nouvelle de gestion de leur temps ont, à terme, changé de métier et ont ainsi assis de façon plus durable leur avenir professionnel. Bien sûr, à chaque entreprise, sa vérité. Claude Monnier et sa maison Sony France, ce sont 200 salariés. 200 salariés seulement… mais 200 créatifs à qui on a proposé un processus de reconstruction professionnelle calqué sur le processus créatif des artistes.

Apprendre à désapprendre pour mieux se créer et créer