Un certain hédonisme musical

Un samedi après-midi, sur la scène du Conservatoire de Roubaix, une répétition générale. Un quintette à vents et un piano. Au programme, certaines compositions françaises du vingtième siècle et pour commencer, les Trois pièces brèves pour quintette à vents de Jacques Ibert.

Plusieurs pages ne suffiraient pas à évoquer l’oeuvre de ce compositeur français qui a obtenu le 1er Grand Prix de Rome en 1919 avec la cantate Le poète et la fée et dont l’autorité s’affirme dès les années 20. Futur directeur de l’Académie de France à Rome (Villa Médicis), il est en quelque sorte le français de Rome.

Fréquemment associé au Groupe des Six dans les années 20, il est pourtant un farouche défenseur de son indépendance. Son oeuvre musicale en est la meilleure preuve : Oeuvres symphoniques, oeuvres lyriques, musiques de scènes, oeuvres chorégraphiques, musiques de chambre, musiques instrumentales, musiques vocales, oeuvres radiophoniques, musiques de films…. Il a goûté à tout, lui qui ne se sentait lié par rien. Ni les écoles de compositions, ni les règles académiques n’auraient pu l’enfermer. Sa musique sonne comme le plaisir à la française. C’est sans doute pour cette raison que le musicologue Boris de Schloezer le considérait comme un digne représentant de « l’hédonisme musical ».

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Pierre Pouillaude, Christophe Warembourg, Anthony Blondeau, Fabien Clément

Revenons à notre répétition. Un quintette à vents, une veille de concert, répète les Trois pièces brèves. Cette magnifique composition, datée de 1930, s’inscrit dans une époque propice au quintette à vents. On sait en effet que celui-ci vit son âge d’or au vingtième siècle quand tous les compositeurs, ou presque, ont mis à profit la virtuosité des instrumentistes à vents. Des noms ? Jacques Ibert bien sûr. Mais aussi Samuel Barber, György Ligeti, Pierre Angot et puis Darius Milhaud, Guy Ropartz et tellement d’autres.

Virtuosité des interprètes également. En effet, l’essor des compositions a suscité les vocations. A Roubaix, le quintette à vents est composé de musiciens d’excellence, tous artistes intégrés dans les plus grands orchestres de la région. Il répète un samedi après-midi. Une autre manière de pratiquer l’hédonisme musical si cher à Jacques Ibert.

Au programme de ce concert prometteur : Jacques Ibert (Trois pièces brèves pour quintette à vents), Claude Debussy (Petite suite, transcription pour quintette à vents par Gordon Davies), Albert Roussel (Divertissement opus 6), Francis Poulenc (Sextuor pour vents et piano).

Les artistes : Christophe Warembourg (Hautbois), Pierre Pouillaude (Flûte), Anthony Blondeau (Cor), Gilles Desmaziere (Basson), Fabien Clément (Clarinette), Anne Secq-Delecroix (Piano). 

Rendez-vous au Conservatoire de Roubaix, le dimanche 27 janvier à 11h. 

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Pierre Pouillaude en répétition. Crédit photo : Anne-Sandrine Di Girolamo