
Il était l’Ange de Rome. Lorsqu’il meurt le 21 avril 1922, dans son appartement situé près du Château Saint-Ange, non loin du Vatican, Alessandro Moreschi étouffe l’écho de longs siècles d’histoire. Longs pour ne pas écrire… glorieux, extravagants et douloureux.
Nul besoin de griffonner ici la folle aventure des castrats et encore moins la vie du dernier d’entre eux.
Lisez plutôt l’ouvrage remarquable de Nicholas Clapton, Moreschi, The Last Castrato, publié chez Life and Times Haus Publishing en 2004. Vous apprécierez en effet la qualité du travail d’historien de ce contre ténor anglais, professeur de chant à la Royal Académy of Music de Londres.
Vous commencerez votre lecture en découvrant les origines très anciennes de la castration, moyen de soumission des peuples vainqueurs sur les peuples vaincus dans l’antiquité, substitut de la peine de mort en Chine ancienne, ou signe de ralliement à certaines religions en Inde. Vient ensuite le temps du christianisme et ses premiers chanteurs castrats au début du onzième siècle à Constantinople. Et puis cette fameuse année 1597, choisie par les historiens de la musique. 1597, premier opéra (La Dafne de Peri), premières apparitions de castrats sur scène.

C’est la distance avec les histoires qui fait l’histoire. Celles qu’on peut écouter sans trop frémir. Mais soudain, quand le 11 novembre 1858, nait un petit garçon dans un village pauvre d’Italie et que vous découvrez, au fil des lignes, son destin… il n’est plus question de gloires et de hauts faits mais d’humain. Le dernier castrat vient de naître, et comme l’écrit si justement Nicholas Clapton, Alessandro Moreschi est né « en dehors de son temps ». Il a donc vécu la tragédie des « derniers », dans la pénombre du choeur de la Chapelle Sixtine.
Alessandro Moreschi s’est éteint le 21 avril 1922. Seul dans son appartement. Il a laissé 17 enregistrements effectués par la Gramophone & Typewriter Company entre 1902 et 1904.
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