
Depuis quatre ans, Paris fête le violon. Au printemps et dans tous ses états avec un Festival international du Printemps du violon créé et emmené avec brio par la Princesse Altinaï Petrovitch Njegosh.
Dans les salons feutrés de la Maison de l’Amérique Latine, le 25 mars 2019, le trio Soledad et ses adaptations audacieuses de Prokofiev, Ravel et Debussy. Sensible et joueur. Enthousiasmant comme son disque Logical édité en 2017 chez Warner Music.
Le point commun c’est l’invention et la création
Alexander Gurning (piano), Jean-Frédéric Molard (violon) et Manu Comté (accordéon et bandoneon) forment un trio exceptionnel, à la cohésion intuitive et presque fraternelle. Sur scène, de leurs regards complices nait une sorte d’intelligence musicale innée et communicative.
La formule est inédite. Si la musique d’Astor Piazzolla est le répertoire fondateur du groupe, très vite nos musiciens ont ressenti l’envie d’explorer d’autres répertoires, peut-être moins naturels. Maurice Ravel, Claude Debussy, Serge Prokofiev et César Franck côtoient donc Jeff Buckley, Rodger Hodgson ou Frederic Debreese.

Alors ? C’est bien cela votre question ! Alors…. il suffisait d’assister à ce concert proposé par le Printemps du Violon pour avoir la réponse. Des musiciens un tantinet espiègles qui pratiquent l’art de l’arrangement avec subtilité, un programme de compositeurs qu’on continue à faire vivre au lieu de le sanctuariser, c’est un public étonné qui en redemande. Conquis !
La marque de fabrique c’est l’interrogation permanente
Crédit photo :Yves Dimant Crédit photo :Yves Dimant Crédit photo :Yves Dimant 25 mars 2019 à la Maison de l’Amérique Latine à Paris. Michaël Guttman (directeur artistique) et Altinaï Petrovitch Njegosh (Président). Crédit photo : Yves Dimant
Soledad aime proposer. Ecoutez le trio interpréter l’Adagio Essai du Concerto en Sol de Ravel ou encore l’extrait Querelle de Prokofiev et vous comprendrez la démarche. Existe-t-il une interdiction de toucher aux monuments de la musique classique ? Manu Comté répond : « Nous n’avons pas cette précaution là. Nous essayons de les respecter de toute façon car nous les aimons. Mais nous avons aussi envie de nous les approprier, tout simplement. Et c’est aussi un challenge ! »
Cette envie de proposition permanente se double d’une recherche constante autour de l’instrument. « Avoir un bel outil, c’est la première des choses » dit Manu Comté. Depuis plusieurs années, lui et son facteur d’instruments travaillent en effet à étudier des doigtés et des claviers différents.
Après avoir étudié différents systèmes, Manu Comté pense avoir trouvé celui qui lui convient. « Pour ces instruments relativement récents, la relation est différente. On ne rentre pas comme chez un luthier ou un vendeur de guitares pour en essayer une petite quinzaine ». Le bandonéon, instrument moderne, est en effet encore en évolution. Manu Comté et son facteur travaillent donc ensemble, que ce soit à la recherche du clavier et du doigté idoine ou encore du son des années 40-50.

Et nous d’attendre avec impatience le bonheur d’assister au prochain concert de ce trio enthousiasmant.
En attendant, voici un avant-goût avec Querelle (Prokofiev).
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