
Voyez-vous cette pochette de disque ? Peu démonstrative et harmonieuse, elle vous dit tout du miracle qui s’en échappe.
Le pianiste Charles Richard-Hamelin et l’Orchestre Symphonique de Montréal dirigé par le grand Kent Nagano, ont enregistré les deux concertos pour piano de Frédéric Chopin.
Un disque Analekta qui répond parfaitement à la fameuse maxime d’Alain : « Tout ce qui est beau est vrai ».
Le poids de l’héritage
lls sont nombreux ceux qui ont rendu hommage au génie d’un Chopin âgé seulement d’une vingtaine d’années quand il compose ses deux concertos pour piano. Quelques noms, pour demander immédiatement à ce qu’on nous pardonne l’omission de tant d’autres…Alexander Brailowsky, Arthur Rubinstein, Alfred Cortot, Maurizio Pollini, Sviatoslav Richter, Martha Argerich…
Ne nous laissons pas distraire et revenons à Charles Richard-Hamelin. En 2015, le soliste est lauréat de la médaille d’argent et du prix Krystian Zimerman lors du Concours International de Piano Frédéric Chopin à Varsovie.
En 2019, il nous éblouit. L’artiste vous dirait bien sûr qu’il se sent extrêmement privilégié d’avoir pu immortaliser sa collaboration avec le Maestro Nagano et ainsi entrer dans la riche discographie de l’Orchestre Symphonique de Montréal. Certainement. Très certainement.
Mais ce jeu….



Une communion et une symbiose rares entre le soliste et l’orchestre
La littérature musicale souligne parfois l’existence d’une distorsion entre la part très classique concédée à l’orchestre et la part beaucoup plus fantaisiste offerte au piano par Chopin dans ses concertos pour piano. On soupçonne donc le grand Chopin de donner la part belle à son instrument de coeur. Beaucoup n’hésitent alors pas à limiter leur jugement à cette constatation.
C’est pourtant dans cette distorsion que la magie opère, à condition toutefois que le pianiste et le chef d’orchestre partagent un sens aigu de la conjonction. Bref qu’il existe entre eux une sincère communion d’âme autour et pour Chopin. Ecoutez ce disque et vous comprendrez à quel point Charles Richard-Hamelin et Kent Nagano sont en symbiose. L’orchestre, discret et raffiné, laisse donc le piano tout à la justesse de ses sentiments.
Le sentiment, c’est Chopin, direz-vous. C’est aussi Charles Richard-Hamelin. Et quel talent ! Il sait goûter chaque note, chaque contours, chaque retenue et chaque envolée. Toujours naturel et sans effort, ce soliste emporte son auditoire en des moments de pure beauté qu’il est inutile d’expliciter ou de décrire. Pour répondre à la maxime d’Alain, nous dirions alors qu’effectivement, la beauté du jeu de Charles Richard-Hamelin persuade par sa vérité même.
Un extrait ici sur Medici.tv du concert dirigé par Kent Nagano : https://www.medici.tv/fr/concerts/kent-nagano-conducts-chopin-charles-richard-hamelin
Un commentaire
Les commentaires sont fermés.