Angèle Dubeau : La musique sans limites

Angèle Dubeau a le rire sous chacun de ses mots et le bonheur solidement accroché au violon qui l’accompagne depuis toujours.

Des concerts dans le monde entier depuis son plus jeune âge et un orchestre fondé il y a vingt ans : La Pieta. Quarante trois disques, le suivant tout juste enregistré et même un autre déjà en préparation.

Et puis, le sujet de notre conversation inspirante avec cette grande dame, joyeuse ambassadrice de la musique : un film. « Angèle en quatre temps », documentaire réalisé par Isabelle Depelteau, a été présenté lors de la 37e édition du Festival International du film sur l’art (FIFA 2019).

Il sera diffusé le 31 mai à 14h30 à Montréal dans le cadre du Concours Musical International de Montréal. (CMIM)



Angèle Dubeau et « Angèle en quatre temps » : une vie de concertiste soliste qui défile sous vos yeux

Un documentaire sur un parcours extraordinaire

Ils ont suivi Angèle Dubeau pendant plus de deux ans avec une caméra. Au cours des tournées, dans les loges, sur scène, en famille. Ils ont aussi puisé dans les archives…


A cinq ans déjà, elle passait sur les plateaux de télévision. Vous imaginez donc l’immense quantité de documents visuels et sonores à la disposition de l’équipe de tournage et du réalisateur. Une vie de prodige du violon et de soliste international qu’il nous est donné de découvrir, le temps d’un documentaire, et surtout de mieux comprendre.

 « Oui, ils ont essayé de montrer comment tout cela commence, qu’est-ce qu’on fait pour en arriver là, comment toutes ces années s’enchaînent…. » Angèle Dubeau se tait quelques secondes et ajoute : « J’ai beaucoup parlé, je parle beaucoup avec mon violon. D’ailleurs, c’est plus facile pour moi de parler en musique qu’en parole. Alors oui, ce projet m’a tenté. Mais je voulais que la musique ait une grande place dans le film. Je voulais que cela soit clair car la musique va là où les paroles ne peuvent pas aller. C’est aussi à partir de là que je pensais que certaines facettes de ma vie sortiraient de façon encore plus intense. »

C’est drôle de voir défiler sa propre vie

Angèle en quatre temps… nous avons posé la question. Quatre temps ? « Oui.. je suis une femme de cinquante sept ans, j’espère être là encore pour longtemps mais quand même !!!! Dès l’âge de quatre ans, j’ai joué de ce petit violon qui a grandi avec moi et au fil des années, oui les saisons ont passé. Quatre temps, quatre saisons… comme les ponctuations de la vie ». Nous pensons aussi à Vivaldi, un compositeur important dans le coeur d’Angèle et aux origines mêmes de la naissance de son orchestre La Pieta. 

Angèle Dubeau et son orchestre La Pieta. Crédit photo : André-Olivier Lyra

La vie file. Nous entendons souvent les anciens nous en prévenir. Alors, que ressent celui dont l’immense carrière nourrit un documentaire long de plus d’une heure ? « J’étais touchée. Je n’ai pas pu retenir les larmes à plusieurs reprises. C’est drôle de voir défiler sa propre vie. Je repensais à mon père qui n’est plus là, à tous ces moments qui m’ont amenée plus loin… C’est sûr, je suis violoniste donc l’émotion monte facilement. Mais quand même ! J’étais émue. Tout cela, je le sais, mais là de le voir défiler… Un film c’est très concret, ça file et ça défile devant toi à une vitesse !!!! Ah les années passent et que la vie passe vite ! ».

Et puis Angèle continue, avec cette franchise sincère et naturelle qui suscite tout de suite l’admiration : « Et je suis fière aussi. Cela ne serait pas correct de le cacher. Oui il y a une fierté… Toute petite fille, je rêvais de parcourir le monde et de transmettre des émotions avec mon petit violon. C’est fou mais je réalise que je ne me suis jamais demandé ce que j’allais faire dans la vie. Je suis anormale ! (Elle éclate de rire). Je ne me suis jamais posé la question. Oui je rêvais de parcourir le monde avec mon violon et ce langage international qui n’a aucune barrière, et là je me suis dis que j’ai l’ai fait, et encore mieux que je ne pouvais l’imaginer. » Angèle rit, de bon coeur. Dans sa voix, une immense générosité. 

Extraordinaire Angèle

Nous nous éloignons un peu de notre sujet un instant. Il est en effet aisé de faire l’école buissonnière quand on discute avec Angèle Dubeau. Ecole buissonnière ? Pas tant que cela finalement.  Ecoutez la parler de musique et vous comprendrez à quel point cette musique « pulse » en elle. 

Des disques… Ovation et Pulsation

Elle l’annonce avec joie : « Je viens de terminer mon quarante quatrième album. » Et elle en rit encore : « Dans mon entourage, on me demande si j’ai encore l’énergie !!! OUI ! La musique cela m’allume encore. Et j’ai encore des choses à découvrir et à faire découvrir, des choses à jouer et à partager. J’ai choisi le plus beau métier du monde ! Alors voilà, je viens de terminer l’enregistrement il y a deux jours. » 

Le prochain disque s’intitulera Pulsation et sera disponible à l’automne 2019. En attendant, emparez vous de celui intitulé Ovation et sorti le 19 octobre 2018 chez Analekta. C’est un bonheur !

La musique sans limites

Nous ne pouvions terminer notre conversation sans interroger cette immense artiste sur la relation qu’entretient le monde moderne à la musique. « La musique, c’est sans limites. C’est extraordinaire ! Il ne s’est jamais écouté autant de musique qu’aujourd’hui. Tout le monde a le petit bouton dans l’oreille pour l’écouter. »

Elle parle avec envie de la jeunesse qui dispose si facilement de la plus grande discothèque au monde, de cette industrie du divertissement aussi qui, selon elle, permet à la composition moderne de s’épanouir. Angèle Dubeau est une soliste internationale qui n’a pas perdu le lien avec le monde … Bien au contraire.

La voilà qui évoque le cinéma, la musique des séries télévisées et des jeux vidéos. Depuis un peu plus d’une douzaine d’années, elle part également à la découverte de compositeurs contemporains et qui sont vivants. Et la voilà qui rit de nouveau… « Je n’ai jamais eu la chance de parler à Monsieur Antonio Vivaldi mais je peux parler à Alex Baranowski ou à Ludovico Einaudi. Et cela, pour moi, c’est censé ! »

Merci Madame Dubeau…


Quelques extraits du disque Ovation paru chez Analekta en octobre 2018.

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