Julien Behr au Festival de l’Epau : ténor actuel et romantique

julien behr confidences

Le 28 mai 2019 à 20h30, vous aurez peut-être rendez-vous avec le ténor français Julien Behr en concert dans le cadre du prestigieux Festival de l’Epau. 

Au programme, des airs français de l’opéra et de l’opérette issus de son disque Confidence. Il sera accompagné de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, dirigé par Pierre Bleuse. 

Julien Behr fait partie de cette génération d’artistes disponibles au public et très charismatiques. Depuis l’enregistrement de son disque jusqu’à la programmation de ce concert, il transmet son immense sens du naturel, de l’enthousiasme et du « savoir dire merci ». 


L’aventure des piles de partitions pour construire un programme français et romantique

Au programme de Confidence (et du concert du 28 mai 2019) des airs français d’opéras et d’opérettes : Gounod, Delibes, Messager, Bizet, Chabrier, Duparc…

Certaines partitions, notamment celles des airs de Victorin Joncières, Benjamin Godard et Charles Gounod, ont été éditées et mises à disposition par le Palazzetto Bru Zane, le Centre de musique romantique française .

La découverte d’un répertoire

Faut-il s’étonner du répertoire choisi ici par Julien ? « Je suis un chanteur mozartien, je chante Mozart et le Bel Canto. Logiquement, j’aurais donc dû m’orienter vers ce répertoire. Toutefois, je suis français et je souhaitais montrer que ma voix évolue vers ce répertoire-là. Ce disque était donc une opportunité de proposer des choses inconnues et différentes. »

Des airs inconnus ? « Oui la plupart des morceaux m’était inconnue. D’ailleurs, même les mélomanes ont avoué ne pas connaître certains des compositeurs. En fait, j’avais en tête une idée : enregistrer de la musique romantique lyrique française, et notamment Fortunio que j’adore. Pour le reste je me suis donc associé à Alexandre Dratwicki, Directeur Artistique du Palazetto Bru Zane. »

Et c’est magnifique !

Alexandre Dratwicki fournit donc quelques pistes ? « Oui !!!! En quelques jours seulement, il m’a transmis quinze centimètres de partitions !!! J’ai ensuite tout lu en compagnie de mon pianiste et j’ai mis des petites étoiles, comme cela, spontanément, sur le vif. Je me demandais si cela me plaisait, si je le chantais bien, si c’était bien pour mon instrument. On a donc « écumé » comme cela les partitions pour arriver à une sélection. Au final, vraiment beaucoup de découvertes. »

Julien s’exclame alors, totalement pris dans le souvenir de cette période de travail de sélection : « Nom de Dieu !!!! Je ne connais ni Godard ni Joncières et c’est MAGNIFIQUE. Evidemment qu’on va graver ça ! »

Sur le ton de la confidence

Julien Behr

Ces airs ont « suggéré » au disque son titre Confidence. « Il se trouve que la plupart des pistes du disque est sur un ton langoureux, amoureux, un ton de la confidence. Ce mot là vient naturellement pour évoquer le ton que peut prendre un amoureux pour dire « Je vous aime ! ». 

L’enregistrement d’un album solo : du privilège au défi

Confidence est le premier album solo de Julien. Défi ou privilège ? Sa réponse est emplie de gratitude et d’émotion. « J’étais particulièrement touché qu’un grand label comme Alpha Classics, dirigé par Didier Martin, vienne me solliciter pour enregistrer un récital et en plus, avec les moyens très importants qui m’ont été donné ! Quand on connait la situation actuelle du marché du disque, et qu’on n’est pas forcément non plus une « tête d’affiche », oui c’est un privilège. »

Julien Berh et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par Pierre Bleuse. Crédit photo : S.Guiochon

Privilège, donc nécessairement défi ? « Oui Confidence est mon premier récital au disque. C’est un exercice que je n’avais jamais fait dans le passé. J’avais déjà fait pas mal d’enregistrements, mais jamais en solo. Et puis c’est un défi artistique : il est difficile de constituer un programme qui puisse susciter la curiosité du public, d’en faire quelque chose de cohérent et de bon.» 

Il continue et évoque les conditions de l’enregistrement :  « Un défi physique: on a enregistré durant cinq à six heures par jour pendant cinq jours dans des conditions studio avec un plein orchestre de soixante musiciens. Quand on chante un opéra qui dure environ trois heures, un premier rôle chante durant une heure. Par exemple, en ce moment, je chante Tamino à la Bastille, et je ne chante même pas une heure ! Et là, pendant l’enregistrement, je sollicitais l’instrument pendant quatre ou cinq heures dans la même journée… A la fin, je n’en pouvais plus. »

Touchant Julien Behr

Julien est naturel et sensible. Le voici qui évoque son entrée dans l’Auditorium de Lyon, le premier jour de l’enregistrement : « L’orchestre s’est mis en place et s’est accordé. Je suis entré dans l’Auditorium. Vous savez… je suis lyonnais. L’enregistrement s’est fait dans l’Auditorium de Lyon et avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon qui m’a fait découvrir l’opéra ! J’étais incroyablement ému de les voir face à moi, pour cet enregistrement qui était un vrai bonus dans ma carrière. Je voulais donc leur dire un petit mot pour commencer et leur présenter Didier Martin grâce à qui cet enregistrement s’est fait. J’avais la gorge serrée. Tellement fier, ému, touché, flatté, je me suis mis à pleurer devant eux. »

Julien Berh et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon dirigé par Pierre Bleuse. Crédit photo : S.Guiochon

Julien s’apprête désormais à chanter le 28 mai 2019 le programme de son disque dans le cadre du Festival de l’Epau. « Oui, c’est incroyable. C’est une chance folle qu’un tel festival nous ait sollicité pour donner ce récital. C’est finalement la même surprise que lorsqu’on m’a proposé de faire un enregistrement avec l’orchestre de ma ville natale. Là, l’orchestre de ma ville natale va prendre le train et venir m’accompagner à l’autre bout de la France pour qu’on chante notre disque. C’est incroyable. »

Demain, la chanson ?

Ecouter Julien évoquer son aventure, depuis la proposition du label, en passant par l’enregistrement puis la préparation de ce concert, rend heureux. Il fait partie d’une génération d’artistes débordants d’énergie et conscients de ce que chaque seconde passée en terres musicales est une aventure humaine, artistique et spirituelle. 

Confidence est un disque magnifique. Il augure peut-être des futures évolutions artistiques de ce jeune ténor sensible et élégant. A écouter son interprétation de « Vous, qui passez sans me voir » de Charles Trenet, on espère un détour de Julien par la chanson.