Le pianiste Charles Richard-Hamelin a toujours fait partie, d’une certaine manière, du Festival de Lanaudière à Joliette au Québec…

Le lauréat du Concours Chopin de Varsovie a grandi à Joliette. Tout enfant, spectateur assidu, il rêvait de monter un jour sur la scène naturelle de l’amphithéâtre Fernand-Lindsay. C’est désormais pour lui un rituel depuis 2011.
En 2019, il propose à son public d’écouter, les 12 et 24 juillet, un programme personnel : « La musique qui lui parle » comme il le dit sur un ton si naturel et simple.
Charles Richard-Hamelin, l’enfant de Joliette rêvait de se produire sur la scène naturelle de l’amphithéâtre Fernand-Lindsay
Dans les basses terres du Saint-Laurent et la région de Lanaudière, Joliette. Charles Richard-Hamelin a grandi là, avec la neige l’hiver et le festival de musique l’été. « Quand j’étais très jeune, dès l’âge de sept ou huit ans, j’allais écouter des concerts au festival. Je ne viens pas d’une famille très fortunée. Ce festival nous permettait d’aller écouter à prix réduits des concerts tout en faisant un picnic sur le gazon. » Oui, un peu comme à Tanglewood à Boston. A Joliette, les concerts se tiennent dans un amphithéâtre construit dans la nature.

Le festival international de Lanaudière propose depuis de nombreuses années une programmation riche. Des concerts dans l’amphithéâtre Fernand-Lindsay aux récitals donnés dans les églises de la région, l’été québécois résonne du son des meilleurs orchestres et solistes du monde classique. Charles-Richard Hamelin se souvient. « En allant écouter ces concerts au festival, j’ai entendu toutes sortes de musiques depuis mon plus jeune âge. Par la suite, pour le pianiste apprenti que j’étais, je rêvais de me produire un jour sur la scène de l’amphithéâtre. »
Le rêve est devenu réalité à partir de 2011 et en 2016, le souvenir s’est fait exceptionnel pour le jeune pianiste tout juste récompensé au Concours Chopin de Varsovie. «En 2016, j’ai joué avec l’Orchestre Symphonique de Montréal dirigé par Kent Nagano. C’était mon premier concert avec Kent. Mon premier concert « à la maison », à Joliette, après mon succès au concours. C’était une soirée, comment dire…., absolument mémorable. Il faisait très beau ce jour-là. Le public comptait plus de 3000 personnes et il faisait 36 ou 37 degrés Celsius. Je devais jouer le Concerto de Brahms comme cela… (Il rit). Je n’ai jamais aussi chaud de ma vie. (Et il rit encore..). »
Deux concertos pour piano de Mozart pour un disque et un concert exceptionnels
Mozart est au programme du concert donné le 12 juillet 2019 par Charles Richard-Hamelin et l’orchestre Les Violons du Roy dirigé par Jonathan Cohen. L’ouverture des Noces de Figaro et la Symphonie n°28 en ré majeur (K. 504). Mais aussi deux concertos de la maturité de Mozart : le Concerto pour piano n° 22 en mi bémol majeur, (K. 482) ainsi que le Concerto pour piano n° 24 en do mineur, (K. 491).
Deux concertos pour piano de Mozart rarement joués
« Il s’agit d’un superbe projet en effet avec ces deux concertos de Mozart que nous allons aussi enregistrer juste avant le concert pour le label Analekta. Ces deux concertos de la maturité de Mozart, je les aime beaucoup. Le concerto n°22, on ne l’entend pas beaucoup alors que c’est un véritable chef d’oeuvre. Le concerto n°24 est davantage joué car il s’agit de l’un des deux concertos de Mozart en mineur. Mais surtout, il est intéressant de savoir que ces deux concertos sont comme interconnectés. »
Des concertos interconnectés ? « Oui, par les tonalités en mi bémol et en do mineur et par les mouvements lents. Par exemple, le concerto en mi bémol contient un mouvement lent en en do mineur et le concerto en do mineur contient un mouvement lent en mi bémol. » Les deux concertos partagent donc un fond sonore. Ils sont également intéressants par le contraste entre leur esprit. Si le concerto en do mineur est beaucoup plus tragique avec des chromatiques très tourmentées, le concerto en mi bémol est bien plus triomphal, comme une célébration de la vie.
« La musique classique n’évolue pas dans un cadre rigide. »

Charles Richard-Hamelin évoque maintenant son travail de préparation. Passionnante invitation dans l’intimité d’un grand pianiste qui se prépare. « Pour ces deux concertos, j’ai écrit toutes mes cadences. Avec un esprit un peu plus Beethoven, un peu moins Mozart. » Qu’est-ce à dire ? « Les cadences écrites par Mozart sont souvent de nature improvisée et il joue moins avec ses motifs. Chez Beethoven, les cadences sont plus composées et structurées. Il utilise les motifs, les superpose et les modifie. Il construit chaque cadence comme une mini structure. »
Afin de bien comprendre les choses, nous demandons à notre soliste d’expliciter encore un peu davantage son travail d’écriture des cadences. « Attention, je ne bouleverse pas la musique de Mozart. Je reste dans un langage purement tonal . Mais il y a tellement de passages dans ces concertos qu’on pourrait entendre chez Beethoven ! C’est cela qui est génial !!! En sortant juste un orteil en dehors du cadre, je dis bien juste un orteil, on peut travailler de façon personnelle, sans compromettre la fidélité à ce que Mozart a écrit. »
Charles continue. « Les gens pensent que la musique classique évolue dans un cadre rigide. Pourtant tous les artistes qui ont été célébrés ou qui le sont encore sont constamment « en tension ». Je prends l’exemple de Martha Argerich. Quand elle joue Bach ou même Chopin, elle va vers des tempi et des choses incroyables mais attention, tout est toujours fondé et solide. C’est cela qui fait le succès d’un artiste. »
Charles Richard-Hamelin : « Je suis mon propre critique et je pense être très discipliné. »
Le festival de Lanaudière, version 2019, propose également au public un récital de Charles le 24 juillet dans l’Eglise de Lavaltrie. Ce concert à l’esprit plus intimiste est construit autour d’oeuvres que le pianiste affectionne tout particulièrement. Bien sûr, Chopin sera présent. « Evidemment, je dois jouer Chopin en récital (rires). C’est grâce à lui, grâce à ce fameux concours, que je poursuis une carrière internationale. Mais cette musique me parle ! Je ne m’en lasse jamais ». Chopin mais aussi des pièces relativement moins connues ou jouées de Debussy, Mendelssohn et Prokofiev.


Au festival de Lanaudière, Charles Richard-Hamelin convie donc à la découverte mais sans jamais s’enivrer. Toujours lucide. Ni le succès auprès du public ni les critiques ne le détournent d’un réel dévouement au répertoire.
« Je me fie à moi-même en priorité. Je suis réellement mon propre critique et je pense être très discipliné ! Si j’aime ce que j’entends, cela me suffit. Vous savez ce qui est le plus important ? Faire des disques parce que les micros ne mentent jamais. Quand on fait carrière, on peut commencer à croire aux bonnes critiques mais cela ne veut rien dire. Il faut seulement s’écouter, s’analyser, corriger et travailler. Le travail du pianiste est sans fin ».
Simple et naturel, Charles Richard-Hamelin est un artiste soucieux de servir la musique classique. Il est aussi l’une des belles histoires de ce grand festival de Lanaudière.
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