La pianiste Fanny Azzuro et la danseuse Andrea Moufounda étaient présentes le dimanche 16 juin 2019, dans le cadre du Lille Piano Festival 2019, au Musée du Grand Palais à Lille pour un spectacle (et non pas seulement un concert…) audacieux et approfondi.
Mis en scène par Parelle Gervasoni, ce spectacle « Mouvement » d’une heure affichait l’ambition de mêler sur la scène un répertoire pianistique « classique » à d’autres formes d’expression artistique comme la danse. Une formule déjà exploitée sur d’autres scènes mais que Fanny Azzuro explore et développe finement.


Un récital dansé
Sur la scène improvisée d’un musée lillois à l’architecture imposante, un piano à queue recouvert d’un grand drap blanc. Un portant et un miroir aussi. Et puis c’est à peu près tout. Pour commencer.
Le duo formé par la pianiste Fanny Azzuro et la danseuse Andrea Moufounda peut sembler antinomique. Le piano immobile et noir s’impose tandis que la danseuse virevolte, libre et espiègle. Il est en tout cas fidèle à une esthétique de l’épure parfaitement adapté au programme musical proposé.
Une heure de conversation et d’échange entre la danseuse et la pianiste attend donc le spectateur. Les mouvements de la danseuse, libres et décomplexés, répondent aux mouvements de la musique de Ravel, Debussy et Albeniz. Mieux encore : la danseuse, double de la pianiste, « peint » de ses mouvements sur la scène les évolutions conscientes ou inconscientes de la pianiste.


Fanny Azzuro investit la scène doublement
« Mouvement » est un spectacle intéressant à plusieurs titres. Récital dansé, il marie avec une certaine audace la danse et le piano. Mais la rencontre entre les deux arts est plus grande encore. Quel concertiste accepterait, en effet, une entrée en scène aussi peu conventionnelle que celle de Fanny cachée sous le drap blanc qui recouvre le piano au début du spectacle ?

Fanny, doublée par la danseuse, ne se contente d’ailleurs pas de cela. Elle ose, en effet, investir la scène autrement que par la musique. Echanges de vêtements entre les deux artistes, glissements de Fanny sur la scène et même timides, mais assumés, échanges de pas de danse avec son double Andrea.
Fanny Azzuro renouvelle la forme du récital
Au programme du récital dansé de Fanny Azzuro joué dans le cadre du Lille Piano Festival 2019, il s’agissait là de jouer les pièces incluses dans le merveilleux disque de Fanny chez Paraty : 1905 Impressions. Ce disque, paru en 2016, a été salué par la critique. Il renait, d’une certaine manière, en 2019 dans le cadre d’un récital dansé empreint de poésie.

1905 Impressions…. Miroirs de Maurice Ravel, Images I de Claude Debussy et Iberia III d’Isaac Albéniz.
Des oeuvres composées entre 1904 et 1908, dans une période de rupture pour la pensée et l’art.
Toutes les pièces de ce disque tissent un lien très particulier avec l’onirisme. Onirisme mais aussi sensibilité, questionnement du quotidien et exploration de l’âme. La forme renouvelée du spectacle proposé par Fanny Azzuro transpose donc sur scène, pour ainsi dire, le procédé littéraire de l’ecphrasis. Quand l’oeuvre (ici la musique) respire par le biais d’un autre art (la danse) et que les artistes excellent, certains parlent d’un risque pris. D’autres, et nous en faisons partie, saluent l’audace et la créativité.



