
Le chef d’orchestre Alain Altinoglu dirigera le 5 juillet 2019 l’Orchestre Symphonique de Montréal, ouvrant ainsi le fameux Festival de Lanaudière au Québec.
Au programme de ce concert exceptionnel, des oeuvres musicales liées à la littérature, tout comme le chef Alain Altinoglu, lui-même lecteur assidu. Quel lecteur est-il ? Quels livres lit-il ? Comment ses lectures guident-elles son travail de direction ? Alain Altinoglu, du livre à la musique et de la musique au livre…
Je lis énormément. Cinq, six, sept livres par semaine. Des livres de nature extrêmement différente aussi. Et je lis « entrecoupé ». Donc chez moi, ce n’est pas un livre puis un autre, mais cinq ou six en même temps.
Alain Altinoglu
Un programme musical inspiré par la littérature
Le 5 juillet 2019, Alain Altinoglu proposera au public un programme musical intimement lié à la littérature. Excepté le Concerto pour piano n°1 en sol mineur de Félix Mendelssohn, le chef d’orchestre et l’Orchestre Symphonique de Montréal interpréteront, en effet, des oeuvres musicales inspirées par la littérature.
Du Songe d’une nuit d’été de Félix Mendelssohn qui restitue sans pareil l’atmosphère de la pièce éponyme de Shakespeare, à quelques extraits de l’opéra Tristan und Isolde de Richard Wagner, en passant par Richard Strauss et Les joyeuses facéties de Till l’Espiègle, personnage de contes et légendes du 14e siècle… Ce programme fait la preuve, s’il en était nécessaire, du lien fécond qui unit la littérature et la musique.
Qu’on ne se méprenne toutefois. Il s’agit là d’un programme qui s’est imposé de façon naturelle. Alors qu’Alain Altinoglu a fait ses début avec l’Orchestre Symphonique de Montréal en proposant un programme de musique française, il est heureux de revenir en 2019 avec un programme qu’il a construit peu à peu, en harmonie avec sa propre culture musicale et les souhaits de chacun, notamment ceux du pianiste soliste Francesco Piemontesi.
La culture immense d’Alain Altinoglu a donc fait le reste. Connu pour son ouverture d’esprit et sa curiosité, il s’imprègne en effet quotidiennement de toute la culture. Toute la culture, y compris littéraire !
Alain Altinoglu, chef d’orchestre et lecteur passionné
Un lecteur passionné
Alain Altinoglu est un lecteur passionné. « Je lis énormément. Cinq, six, sept livres par semaine. Des livres de nature extrêmement différente aussi. Et je lis « entrecoupé ». Donc chez moi, ce n’est pas un livre puis un autre mais cinq ou six en même temps. » Les titres qu’il jette à la volée sont révélateurs. « En ce moment, par exemple, je lis l’Anthologie de l’humour noir d’André Breton, une livre d’astrophysique, évidemment plusieurs livres sur la musique. Ah oui, et puis je viens de relire un Modiano. Tiens, juste à côté de moi, là… j’ai aussi le Jardin du Prophète de Khalil Gibran. Bref, beaucoup de choses très différentes. Du roman, de la philosophie et de la littérature. » Il y avait aussi dans la liste un livre d’astrophysique… « Oui, je lis énormément de littérature scientifique aussi car les mathématiques m’intéressent aussi. Bref, je lis large et beaucoup. »

La lecture est tout. « Je ne pourrais pas vivre sans les livres. Tout est dedans. Comprendre les choses ne peut se faire sans la lecture. Et puis la musique, c’est encore autre chose ! Il y a des choses que les mots ne peuvent pas exprimer, et l’inverse est vrai aussi pour la musique. » Autant de musique et autant de littérature … Comment est-ce possible ? « Nombreux sont ceux qui expriment leur étonnement. Ils s’étonnent de ce que je puisse lire autant mais vous savez, je passe tellement de temps dans les avions et les trains ! Ces moments sont parfaits. »
Un regard de chef d’orchestre sur la littérature
Pensons au Songe d’une nuit d’été. Mendelssohn, Shakespeare.. Comment le chef s’est-il préparé ? « Je n’ai pas relu la pièce de Shakespeare pour ce concert, mais parce que je l’avais déjà relu plusieurs fois récemment. Oui, c’est important de relire la littérature, surtout quand on dirige une pièce qui a été composée pour une représentation de la pièce, c’est donc essentiel. Mais vraiment, il y a bien plus important encore. Il faut lire les oeuvres et surtout, il faut savoir comment le compositeur les a lues, ce qu’il en a pensé et tout ce que cela a évoqué pour lui. Il me semble très important de savoir ce que le compositeur a ressenti en lisant le livre. Au fond, c’est cela que je dois faire passer au public. Il faut que le public sente ce que le compositeur a voulu exprimer. »
Le chef d’orchestre lecteur et ses musiciens

Ce travail de préparation concerne-t-il aussi les musiciens ? « Je fais ce travail de lecture ou de relecture seul. En effet, il me faut parfois des années pour digérer les choses. Prenons l’opéra Salomé de Strauss ! J’ai lu Oscar Wilde bien avant de travailler l’opéra. Il s’agit là de mon travail personnel car pendant les répétitions, je n’ai pas le temps de rentrer dans le détail de l’oeuvre littéraire. » Même quand l’oeuvre est moins connue ? « Là c’est différent. Tiens ! Le Conte du Tsar Saltan de Nicolaï Rimski-Korsakov que je viens de diriger à Bruxelles. L’orchestre ne connaissait pas du tout l’histoire. Il était donc normal que pendant les répétitions de l’orchestre, j’évoque le conte de Pouchkine. »
A chaque orchestre, à chaque projet, une façon différente de travailler. « Je m’adapte à l’orchestre. Quand je dirige un orchestre qui a vraiment la culture du morceau, qui sait ce qu’il joue et qu’il a déjà joué le morceau plusieurs fois, on sent bien que c’est chargé de plein de choses. Si au contraire, j’arrive à la répétition et que je sens que les musiciens ne savent pas trop ce qu’ils jouent et de quoi l’oeuvre est tirée, alors je m’adapte et j’explique. Le chef s’adapte à chaque orchestre au moment de la répétition. »
Le programme de ce concert d’ouverture du Festival de Lanaudière (Québec)
Felix Mendelssohn : Le songe d’une nuit d’été, op.61 (Ouverture, Scherzo et Marche nuptiale)
Felix Mendelssohn : Concerto pour piano no 1 en sol mineur, op. 25 (Molto allegro con fuoco, Andante, Presto – Molto allegro et vivace)
Richard Wagner : « Prélude » et « Mort d’Isolde » de Tristan und Isolde
Richard STRAUSS : Les joyeuses facéties de Till l’Espiègle, op. 28
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