
En attendant Boulez, c’est le polar de l’été à mettre dans le sac de tous les passionnés de musique classique. Ecrit par Yann Ollivier, ancien directeur d’Universal Music Classics et ex-président des Victoires de la musique classique, ce livre est captivant. Noir mais amusant, doucement excessif et furieusement troublant, ce premier roman nous laisse impatient du second.
L’intelligence artificielle dans l’art, point de départ d’une intrigue finement construite

L’Intelligence Artificielle dans l’Art. Une vague interrogation pour certains, un sourire de dédain pour d’autres, de vraies questions pour l’infime restant. Pour le jeune écrivain Yann Ollivier, c’est un habile procédé littéraire. Le point d’ancrage d’une intrigue qu’il a construite avec un art consommé de l’écriture du genre.
Entertainement Inc, « major » du milieu, présente à la Philharmonie ce soir-là son projet « Chopart ». Le monde de la musique classique est alors amusé, dédaigneux, curieux, lassé par avance et inquiet. Chopart, engendré presque « in vitro » de Chopin et de Mozart, attire donc le tout Paris ce soir-là.
Bientôt, ces adjectifs-là seront sans saveur aucune. Une disparition inquiétante, une scène de cocktail délicieusement écrite à la façon d’un morceau de bravoure et l’enquête qui démarre ! C’est que le meurtre d’une pianiste soliste, mondialement connue et chinoise, premier d’une ahurissante série, entraîne la jeune policière en charge de l’enquête et le lecteur dans les coulisses des scènes classiques et de la diplomatie internationale.
En attendant Boulez : doucement excessif et furieusement troublant
En attendant Boulez est un polar. Le monde qu’il décrit est donc vrai et faux à la fois, par nature. A l’auteur de savoir instiller dans la réalité qu’il connait parfaitement pour l’avoir vécue toute l’invention dont son esprit et son imagination sont capables. Yann Ollivier marie avec talent sa connaissance fine de la musique et du milieu de la musique classique avec une capacité d’imagination sans limites.
Côté personnages, celui de Jade Valois, jeune policière cultivée et amateur de musique classique, pourrait faire sourire s’il n’était aussi touchant de naturel et de sincérité. Un vrai personnage central, capable de convaincre le lecteur. Quant aux autres protagonistes (musiciens d’orchestre ou solistes, agents, journalistes, directeurs de salles, agents de sécurité), les portraits sont sobres, drôles parfois mais jamais cruels.
En attendant Boulez réussit le pari difficile de la crédibilité. Le milieu de la musique classique est finement décrit par un auteur qu’on ne pourra soupçonner d’imprécision. Bien mieux, il obéit parfaitement aux lois du genre « polar ». Doucement excessif mais pas assez pour lasser, furieusement troublant mais juste ce qui est nécessaire pour répondre aux lois du genre, En attendant Boulez est captivant.