Cathédrales : Un disque du soleil pour retenir l’été

Cathédrales est un disque du soleil et du voyage. Une très belle exploration musicale en Amérique du Sud, en compagnie d’un musicien simple et élégant. La guitare de Stéphane de Carvalho mêle le savant et le populaire. Elle promet le répertoire sud-américain mais aussi, et surtout, la vie au présent, dans l’instant et avec du sentiment.


Cathédrales : du savant et du populaire intrinsèquement mêlés

On ne parvient pas à dire si c’est le populaire qui nourrit le savant ou le savant qui nourrit le populaire. Les deux fusionnent, s’enrichissent et donnent quelque chose de formidable.

Stéphane de Carvalho

Heitor Villa-Lobos, Léo Brouwer, Gentil Montana, Astor Piazzolla, Ignacio Figueredo et Agustin Barrios-Mangoré. Autrement dit : Brésil, Cuba, Colombie, Argentine, Venezuela, Paraguay entre la fin du 19ème siècle et la fin du 20ème.

« La trame de ce disque, c’est le voyage. Tout d’abord par rapport au répertoire de la guitare puisque la musique sud-américaine y est pour beaucoup dans le choix de cet instrument. Depuis mon tout jeune âge, j’aime la musique de Piazzolla et de Villa-Lobos. Et puis, je suis le père de deux garçons dont la maman est colombienne, ce disque est donc un témoignage pour eux. Disons aussi que j’aime cette culture entièrement. J’aime sa musique mais aussi sa peinture et sa poésie. Une musique où il y a beaucoup de couleurs et cette conscience de l’instant et du présent. Elle marie aussi le populaire et le savant si bien qu’on ne parvient pas à dire si c’est le populaire qui nourrit le savant ou le savant qui nourrit le populaire. Les deux fusionnent, s’enrichissent et donnent quelque chose de formidable. »


Un subtil mélange de savant et de populaire. Stéphane nous donne quelques exemples de ces mélanges qu’il affectionne tout particulièrement. « Dans la musique de Villa-Lobos, il y a des clins d’oeil aux valses européennes puis dans le troisième prélude, il y a l’Amazonie d’où il avait rapporté ces rythmes des indiens. Dans la sonate de Bouwer, on trouve des allusions à Scriabin et à Pasquini. Evidemment, chez Piazzolla, il y a cette référence à Vivaldi avec une écriture très contrapuntique et chez Barrios-Mangoré, ce sont des réminiscences de Bach. »


Cathédrales : Des oeuvres complètes

D’origine portugaise et espagnole, Stéphane de Carvalho raconte ses jeunes années passées auprès d’un grand-père qui jouait de la concertina, un instrument qui se rapproche de l’accordéon et qui était aussi conteur. Pris au coeur par le flamenco, il raconte aussi comment les deux guitares (classique et flamenca) sont cousines et le laissent aller de l’une à l’autre avec délice. « J’ai besoin d’avoir mes périodes où je suis dans la musique des gitans et puis ensuite d’apprécier un bon petit Bach ou un Scarlatti. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi. C’est un besoin vital.« 

Cathédrales
Stéphane de Carvalho et deux enfants en Bolivie. Crédit photo : Paku

Cathédrales est un disque qui promet de retenir les beaux jours de l’été très longtemps.

Revenons au disque et à son titre Cathédrales. « Oui, il y a La Catedral d’Agustin Barrios-Mangoré en premier lieu. Compositeur du Paraguay du début du 20ème siècle, il a énormément composé pour la guitare. Très connu en Europe parce qu’il s’habillait en indien Guarani quand il venait faire ses concerts en Europe. La Catedral a été composée à la suite de sa visite de la Cathédrale de Montevideo comme une invitation à la méditation. On sent chez lui toute l’influence de la musique de Chopin avec une sorte d’écriture néo-romantique, belle, fine et subtile  »

Mais là n’est pas le seul chef d’oeuvre de ce disque qui n’est pas construit d’extraits assemblés comme un patchwork mais bien d’oeuvres et de cycles entiers. « Les Cinq Préludes pour guitare de Heitor Villa-Lobos sont pour moi une entité qu’il fallait présenter en intégralité. Cela m’aurait également chagriné de ne pas présenter les quatre saisons de Piazzolla. Pour chaque compositeur, je voulais qu’il y ait un cycle. Nous avons tracé un véritable voyage en Amérique du Sud. Pas avec des extraits ou des épisodes mais avec des pièces assez conséquentes. »

Un disque du soleil

Ne nous perdons toutefois pas en discussions musicologiques. De fait, ce disque raffiné et subtil s’écoute en fermant les yeux. Véritable invitation à la rêverie, ce sont tout à coup des fleurs, des oiseaux, la chaleur qui viennent s’installer dans votre présent. Cathédrales est un disque qui promet de retenir les beaux jours de l’été très longtemps.



Pour écouter quelques extraits et découvrir le site internet de Stéphane de Carvalho

Nota : Les photographies ont été prises en Bolovie et sont l’oeuvre de Paku et de William Beaucardet.

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