
2020, année Beethoven…. Pour fêter le deux-cent cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur, les musiciens (et le public) se préparent. L’occasion pour nous d’un premier article avec ce disque « Beethoven, Concerto n°4 version de chambre / Quatuor opus 16″ présenté par le Quatuor Varèse et le pianiste Stéphanos Thomopoulos.
Alors l’année Beethoven ? Déjà trop ? Stéphanos Thomopoulos répond : « Ce disque est intéressant. Il propose quelque chose en plus à propos d’un compositeur parmi les plus connus et les plus joués, à propos aussi d’une pièce extrêmement connue. On peut donc encore sortir de ce qui est fréquemment joué… »
Un concerto fameux de Beethoven en version de chambre
L’histoire presque légendaire de la partition
Le quelque chose en plus, c’est une version de chambre pour piano et quintette à cordes du fameux Concerto n°4 en sol majeur. Selon les termes mêmes du musicologue Hans-Werner Küthen qui possède la partition, la découverte est celle d’une histoire intrigante. « Elle remonte à la fin du printemps 1807, peu après la création de la version originale de l’oeuvre, lors d’une représentation au palais viennois du prince Franz Joseph Maximilian Lobkovicz, mécène et bienfaiteur de Beethoven. C’est probablement sur ordre de celui-ci, dont la bibliothèque musicale reflète une passion pour les quintettes à cordes, que la partition pour orchestre a été remplacée et réduite à deux violons, deux altos et un violoncelle, afin de permettre au prince d’exécuter lui-même les passages au violon ».
Un tantinet insolite et furieusement beau
La partition du concerto « traduite » pour orchestre de chambre est donc une oeuvre précieuse. Elle n’était pas destinée à la publication, elle n’a donc jamais été imprimée et reste jalousement gardée par son propriétaire. L’enregistrement par le Quatuor Varèse et le pianiste Stéphanos Thomopoulos au label « Le chant de Linos » est donc un privilège mais aussi, pour chacun d’entre nous, une porte entrouverte sur un moment musical un tantinet insolite et furieusement beau.
Une pièce qui accompagne ceux qui la jouent pendant très longtemps
En quoi la version de chambre du Concerto pour piano n°4 de Beethoven est-elle intéressante ? Stéphanos Thomopoulos répond : « En premier lieu, il y a la curiosité. On entre dans cette oeuvre comme dans une espèce de cabinet de curiosités ». Le concerto est, en effet, extrêmement connu… « Oui, nous l’avons tous à l’oreille dans sa version originale. Le fait de découvrir une partie de piano modifiée, c’est très étonnant et presque « choquant ». On découvre une partition modifiée de quelque chose qui est complètement inscrit dans la mémoire collective. »
La facture de la pièce est très intéressante également. « L’orchestre est un très grand corps sonore. Quand on écoute la version du concerto pour orchestre, l’oeuvre est étalée et contemplative. Alors que la version de chambre est plus vive, plus flexible, plus agile. Je dirais qu’elle dégage autre chose. »
Cet autre chose tout à fait prenant serait-il l’effet d’une écriture particulière de la part de Beethoven ? « Cette pièce est « pianistiquement parlant » très curieuse. La pièce est très virtuose, beaucoup plus que le Concerto de l’Empereur par exemple. Ce quatrième Concerto en version de chambre, c’est aussi autre chose avec ces sextolets si fréquents, ces croches, ces guirlandes… Surtout dans le premier mouvement ! » Comment le musicien trouve-t-il alors la clé de chaque passage ? « C’est un concerto qui demande un travail constant. Rien n’est jamais acquis, il faut à chaque fois tout revoir et tout remettre en place. Vous savez, il y a des pièces qu’on apprend et qui restent. Il y a des pièces qu’on apprend et qu’il faut sans cesse réapprendre. Ce concerto en version de chambre accompagne ceux qui le jouent pendant très longtemps. »
Cette version de chambre du Concerto n°4 pour piano de Beethoven risque de vous accompagner, vous aussi, pendant longtemps. Les cordes du Quatuor Varèse forment avec le pianiste soliste un ensemble sonore équilibré et raffiné. Le son de leur interprétation, doux et lumineux, nous ferait presque oublier l’histoire curieuse et presque légendaire de la partition. Car de musique il est bien question ici et non plus seulement de musicologie. Et quelle musique !
Ecoutez un extrait ici
Découvrez ici le site internet du Quatuor Varèse
Les photos de cette publication ont été prises par Frédéric Aranda.
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