
Le Quatuor Béla propose au public, depuis le 20 septembre 2019, ses Impressions d’Afrique. Un nouveau disque, fruit de son « émerveillement pour les musiques d’Afrique« . Les pièces qui le composent sont singulières et imprégnées d’imaginaire. Un disque original qui réussit le pari difficile de marier l’âme et l’exigence technique.
Une vision musicale de l’Afrique
Le Quatuor Béla et Moriba Koïta. Crédit photo : Hélène Bozzi
Julien Dieudegard, violoniste au sein du quatuor évoque « Impressions d’Afrique ». « Ce disque rassemble trois univers pour un point de rassemblement : l’Afrique. Tout d’abord, la musique de Moriba Koïta, celle des griots et des mandingues. Ensuite, la musique de Kevin Volans, compositeur sud-africain toujours vivant et avec qui nous avons beaucoup travaillé. Et enfin, une sorte de musique africaine imaginée par un occidental, un peu à la manière de Raymond Roussel. Il s’agit de la composition de Frédéric Aurier, violoniste au sein du quatuor, « Impressions d’Afrique » qui a donné son nom au disque. »
L’ambition affichée par le Quatuor a toujours été de défendre le répertoire récent. Les mots de Julien Dieudegard sont simples et efficaces. « Sortir du cercle infernal où des pièces sont créées, jouées une fois puis plus jamais rejouées« . Il y a eu aussi l’envie assumée de travailler avec des artistes qui ne viennent pas forcément du milieu classique. Ils ont ainsi construit leur répertoire en intégrant, par exemple, deux quatuors de György Ligeti ou encore certaines pièces d’Albert Marcoeur.
« Depuis le début, il y eu cette envie de se frotter à d’autres univers. » Cette fois-ci, le Quatuor Béla nous emmène en terres musicales africaines. C’est techniquement très réussi, délicat, avant-gardiste parfois, et empli de rêves et d’images.
La trace d’un travail avec Moriba Koïta

Moriba Koïta était un musicien malien, joueur de luth. Interprète admiré et adulé du répertoire mandingue, vieux de huit siècles, il a été l’un des plus grands ambassadeurs culturels de son pays. Sa rencontre avec les musiciens du Quatuor Béla, à l’occasion du festival Africolor, a permis aux uns et aux autres de faire un pas « musical ».
Lui, son pas vers nous, c’était de se fixer sur une forme. Nous, notre pas, c’était d’intégrer ses gammes et ses échelles.
Julien Dieudegard
Les cinq premières pièces du disque « Solos et pièces franco-mandingues » sont le résultat d’un travail commun. Julien Dieudegard raconte leur manière de travailler pour que deux cultures musicales aussi différentes que la culture classique et la culture malienne puissent se conjuguer.
« Nous sommes partis de son matériel à lui. Sa musique étant celle d’une tradition orale, il nous fallu apprendre ses gammes qui sont évidemment très différentes. Nous nous nous sommes également beaucoup appuyé sur des enregistrements. Nous avons mis sur enregistrement ses musiques « à lui » et puis on a fait tourner en boucle pour essayer d’intégrer du matériel. Enfin, on a essayé de se mettre d’accord sur des formes et c’était là plus compliqué pour lui car il ne se fixait, justement, sur aucune forme. En somme, lui a fait un pas vers nous pour essayer de cadrer le morceau et nous, nous avons essayé d’intégrer ses modes, ses gammes, ses échelles. »

Le résultat est un véritable quintette composé du luth traditionnel de Moriba Koïta ainsi que des violons, alto et violoncelle du quatuor. Aussi belles que signifiantes, ces pièces sont un modèle de rencontre entre deux cultures musicales très différentes. La réussite est telle que ce n’est ni l’Afrique ni le Quatuor qu’on écoute mais des solos et pièces « franco-mandingues ». Le titre, simple et sans prétention aucune, prend tout son sens à l’écoute du récit de cette rencontre entre les artistes.
Extraits du disque
Lisez notre article sur le disque « Trois frères de l’orage » (toujours par le Quatuor Béla)
Pour consulter le site internet du Quatuor Béla
Les photographies de cette publication ont été prises par Hélène Bozzi.