Matriochka, le disque mûri grâce à « ce père aux airs de héros »

Matrioschka

Matriochka, c’est le disque qui vous surprend. Très romantique, très russe, chatoyant comme les poupées gigognes dont il porte le nom. Un premier disque solo très travaillé. Si bien travaillé que la découverte de l’autre histoire, au-delà de celle autour de l’âme russe, nous semblait possible.


Ces musiques qu’on découvre avec ce « père aux airs de héros »

Le programme de Matriochka répond à une histoire familiale. La jeune harpiste Alexandra Liuceanu raconte. « Mon père est roumain de naissance. Réfugié politique du régime totalitaire des Ceausescu, il a trouvé refuge en France dans les années 80. Pendant très longtemps, cette histoire est restée mystérieuse chez nous. Il ne parlait de rien et ne parlait jamais roumain avec nous. Au fil des années, j’ai découvert peu à peu les choses. J’ai sans doute construit ma propre histoire en miroir de celle de mon père. »

Ce père réfugié roumain, « aux airs de héros » rencontre une française passionnée par la culture slave, la Russie, ses ballets et sa musique. Ensemble ils donnent à la jeune Alexandra les clés de compréhension d’une culture brillante, partagée et tiraillée. Bref, ils lui ouvrent les portes de l’âme russe. Elle répond donc à l’histoire familiale, d’une certaine manière, en portant un disque construit comme un voyage musical des plus touchant.

Matriochka : Des fantaisies romantiques et des transcriptions pour harpe

L’histoire est là. Reste la musique. « L’âme slave, c’est un paradoxe permanent. Un vrai lyrisme, de la nostalgie, de la mélancolie... ». Nous appellerons cette musique celle du tiraillement perpétuel, que notre harpiste sert avec justesse.

Comme elle le dit elle-même, trois pièces (présentes au disque) représentent l’école russe à la perfection. L’Alouette de Balakirev, la Fantaisie sur « Eugène Onéguine » de Tchaïkovski de Walter-Küne et le nocturne « La Séparation » de Glinka. D’autres trésors enchantent l’oreille. On pense alors au Prélude de Xenia Erdely ou au Prélude en ut, op.12 n°7 de Prokofiev. Mais comment éluder Une larme, op.70 n°18 de Moussorgski ? Et comment ne pas évoquer cette Elégie op.3 n°1 de Rachmaninoff ?

Vous l’aurez sans doute compris, nous avons perçu en ce disque l’évocation fidèle et sensible d’un univers brillant que l’histoire, la littérature et la musique tout ensemble ont contribué à magnifier dans l’imaginaire collectif. Matriochka est un peu plus encore. Les histoires familiales construisent, en effet, les personnalités de chacun. Elles suscitent parfois aussi des vocations artistiques. Celle d’Alexandra Liuceanu est tout cela à la fois, le disque en plus.

Quelques extraits


En concert le 23 novembre à Paris

Pour consulter le site internet d’Alexandra Liuceanu


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