Anne Queffélec, maître à comprendre la musique de Mozart

Anne Queffélec joue Mozart depuis toujours, ou presque. Des concerts, une intégrale des sonates donnée au Festival de la Roque d’Anthéron au cours de six concerts diffusés en direct sur France Musique et l’enregistrement de la bande sonore d’Amadeus, sous la direction de Sir Neville Marriner. Et puis ce disque paru chez Mirare en septembre 2019.

Au programme, les sonates K.331, K.332 et K.333 de Mozart. Trois oeuvres extrêmement populaires. Comme un prétexte ou un jeu permettant d’expliciter mieux encore le génie de Mozart : son humour, son engouement pour la vie et l’amour, sa délicatesse.

Mozart le farceur : A l’envers donc

Les trois sonates présentées au disque ont été composées l’une après l’autre, sans doute en 1783. Elles présentent une grande unité d’écriture tout en étant extrêmement différentes. Mozart est créatif, Mozart est même farceur… Lui qui signait certaines de ses lettres TRAZOM s’amuserait follement du clin d’oeil qui lui est fait par l’une des plus grandes personnalités du piano d’aujourd’hui. L’écoute se fera donc en partant de la sonate K.333 pour terminer avec la sonate K.331, la célèbrissime et l’inventive. Celle dont chacun, mélomane ou pas, peut fredonner le fameux Rondo Alla Turca.

Prendre le chemin du retour permet de voir différemment le paysage et celui signait certaines lettres TRAZOM, me pardonnera.
Anne Queffélec

Une musique comme une invitation à oser la vie

Mozart c’est la fantaisie dans l’équilibre parfait. Mais fantaisie ! Comme la pianiste l’écrit si bien, « Le pianiste que Mozart a tant gâté à travers vingt-sept concertos, dix-huit sonates, nombre de variations, ronds, fantaisies … sait bien qu’à chaque instant des opéras se jouent sous ses doigts. Ainsi, derrière les tonalités de la majeur, fa majeur, si bémol majeur des sonates K.331, 332, 333 et les indications de mouvements, simples et ouvertes à la fois, Allegro, Adagio, Andante cantabile, Allegretto grazioso… en filigrane, sans mots, c’est à l’interprète d’inventer son opéra secret, de donner à voir et entendre les personnages, les situations, ruptures, surprises, abandons, déchirements. »

Ecouter Anne Queffélec jouer ces sonates, c’est soudain entendre une musique qui veut du bien à l’être humain et, surtout, pouvoir le comprendre ainsi. C’est entendre combien toutes les situations de la vie, qu’elles soient tendres ou cruelles, sont universelles. En la musique de Mozart, il y a une sorte de synthèse de l’humanité qui se fait. En l’interprétation qu’en donne Anne Queffélec, il y a aussi la résolution sonore et intuitive de toutes les questions qui se posent à chacun.

Bien sûr, l’amour et la sensualité font partie de ces sentiments exprimés avec génie par Mozart. Ecoutez l’Andante Cantabile de la sonate K.333. Vous souviendrez alors peut-être de ces quelques mots en découvrant la subtilité de ce passage tendre et inquiet. Bien sûr, la tempête fera rage à d’autres moments. Et si l’Allegro Assai de la sonate K.332 pouvait alors vous accompagner ?

Qu’il s’agisse de plaisanter, de pleurer ou de rire, l’essentiel est dans la musique de Mozart et dans l’interprétation magistrale, au sens tout premier du terme, que fait Anne Queffélec de trois sonates. Trois sonates seulement pourrait-on dire, mais c’est là la force du génie de l’un et le talent de l’autre. Trois sonates où tout est exprimé, avec le ton de l’évidence.

Quelques extraits

Un concert à Bruxelles le 13 décembre 2019

Anne Queffélec interprètera la sonate pour piano n°13 en si bémol majeur KV 333 et la sonate pour piano n°11 en la majeur KV 331, Alla Turca à Bruxelles le 13 décembre 2019. (Flavey). Toutes les informations ici : https://www.flagey.be/fr/activity/6385-anne-queffelec-piknik-concert-album-presentation-mozart-2019-mirare-recorded-at-flagey

Lire une biographie de Anne Queffélec http://sartoryartists.com/fr/anne-queffelec

Anne Queffélec est photographiée par Caroline Doutre.