
Le Concerto pour la nuit de Noël (Concerto fatto per la Notte di Natale en sol mineur) a été écrit par Arcangelo Corelli, très probablement en 1690. Depuis lors, rien ni aucune autre pièce n’a pu ternir l’aura des six mouvements de ce Concerto, et en particulier celle de sa Pastorale finale. Nos lecteurs soupçonneraient-ils donc chez nous, à la lecture de cette brève introduction, un abandon à la facilité ? C’est que la pièce est fameuse. Et la capacité des interprètes modernes à susciter de nouvelles habitudes d’écoute aussi ! Au loin donc la facilité. Et bienvenue à l’Ensemble Bradamante et son disque Concerti a quattro, disponible au label Muso à partir du 10 janvier 2020.
Un enregistrement du Concerto pour la nuit de Noël qui induit une autre habitude d’écoute

Le Quatuor Bradamante est formé de Rachel Heymans (flûte à bec et hautbois baroque), Anne-Catherine Gosselé (flûte à bec), Leonor Palazzo (violoncelle à cinq cordes) et Paule Van Den Driessche (clavecin). Ces musiciennes soumettent à leur public un enregistrement de Concerti a quattro, parmi lesquels le Concerto pour la nuit de Noël. L’oeuvre, à l’origine orchestrale, est proposée dans une transcription de Johann Christian Schickhardt, flûtiste et compositeur allemand de l’époque. Notre conversation avec la flûtiste Rachel Heymans peut donc commencer.
« Si on rappelle l’histoire de la musique, il faut savoir que les pièces les plus connues du répertoire voyageaient beaucoup. C’était avant internet bien sûr (elle rit). Mais cette absence d’internet n’était pas une raison suffisante pour que les oeuvres ne voyagent pas. Bien au contraire puisqu’elles étaient énormément retranscrites, le plus souvent pour des musiciens amateurs. Evidemment, la notion de copyright n’existait pas. » Voici donc que les quatre musiciennes de l’Ensemble Bradamante portent au disque une pièce plus souvent jouée de manière orchestrale. Une démarche intéressante en ce qu’elle donne au Concerto une dimension autre.
Une version à deux flûtes, basse et continuo
La transcription utilisée par les musiciennes de l’Ensemble fait donc partie de cette famille de partitions destinées à des amateurs éclairés. Au disque, une version à deux flûtes, basse et continuo, singulière et différente des versions orchestrales plus communément entendues. « Oui, et je peux dire que cette version apporte à la pièce une autre couleur. Prenons l’exemple de la Pastorale. Les couleurs des flûtes correspondent tout à fait à l’ambiance de Noël, telle qu’on peut la trouver aussi dans certaines oeuvres de Jean-Sebastien Bach. Je pense à sa Cantate de l’Oratorio par exemple. Car les bergers, l’adoration des bergers, c’est cela Noël ! Et la flûte et le hautbois sont symboliquement des instruments qu’on associe au berger. Il est donc, à mon sens, convaincant d’associer la couleur des flûtes à certains passages du Concerto pour la nuit de Noël comme sa pastorale. »
La forme orchestrale n’est plus, l’expressivité reste
Rachel Heymans continue son explicitation de la pièce. Sur sa notoriété tout d’abord. « Il faut mettre cela sur le compte du génie de Corelli. Il a révolutionné la manière d’écrire la musique à l’époque baroque. Après lui, nombre de compositeurs se sont inspirés de lui, de ses théories, de ses harmonies. On peut dire qu’il a eu une descendance « compositionelle », si j’ose dire, extrêmement importante. Cette pièce, et les autres, ont vraiment marqué leur époque et fait partie d’un répertoire « classique » parce que de référence. »
Mais le sentiment que c’est beau ? Tout simplement beau. « On apprécie la dramaturgie des différents mouvements du concerto, les différents tempi, la beauté des phrases et des mélodies et aussi les dialogues entre les deux voix. Se dégage une vraie énergie et j’ai envie de dire que c’est le « groove » de certains mouvements qui me touche. »
Voilà donc pour cette version du Concerto pour la nuit de Noël proposée par l’Ensemble Bradamante. Il nous reste à vous souhaiter l’envie de découvrir le programme entier de ce disque Concerti a quattro et bien sûr un très beau Noël.
Au programme de Concerti a quattro

- Arcangelo CORELLI : Concerto grosso en sol mineur, op.6 n°8 (Fatto per la notte di Natale)
- Jacques MOREL : Chaconne en trio pour flûte traversière, basse de viole et basse continue
- Georg Friedrich HAENDEL / Georg Philipp TELEMANN : Concerto a quattro en ré mineur
- Jean-Joseph MOURET : Concert de chambre à deux et trois parties (Premier livre – Premier Concert).
Découvrir l’Ensemble Bradamante
Les photos des musiciennes ont été prises par Alexandre Mhiri. Celle du sapin : Shuttertock
Noël 2018 sur Gang Flow, c’était ainsi : https://gang-flow.com/2018/12/25/kolyadka/
Anne-Sandrine Di Girolamo Bach Baroque Beethoven Brahms Chef d'orchestre Chopin Clavecin Compositeur contemporain Compositeurs russes Concert Concerto Cordes Debussy Festival Flûte Franz Liszt Gang Flow Harpe histoire Lecture Littérature Mozart Musique ancienne Musique baroque Musique classique Musique de chambre Musique française Opéra Orchestre Orchestre National de Lille Orchestre symphonique orgue Piano Pédagogie Quatuor Ravel romantisme Russie Viole de gambe Violon Violoncelle Vivaldi voix
2 commentaires
Les commentaires sont fermés.