
L’année Beethoven s’ouvre à peine que nous découvrons un disque original, sous tous les sens du terme. Disponible depuis le 24 janvier au label Naïve, cet opus du mandoliniste Julien Martineau et de la pianiste Vanessa Benelli Mosell représente sans aucun doute tout ce que la musique classique peut se souhaiter à elle-même. Etre noble et grande mais aussi créative et rieuse.
La jolie surprise de l’année Beethoven
Des oeuvres originales pour le 250e anniversaire de la naissance du compositeur
Ce disque est une jolie surprise. Beethoven et la mandoline ? Eh oui. Parce qu’il présente un répertoire méconnu mais original, celui de pièces de Beethoven pour mandoline et piano ainsi que la grande sonate pour mandoline et piano de Hummel, ce disque est précieux. Comme l’explique Julien Martineau, « le public et les spécialistes connaissent mal la mandoline. Car cet instrument se situe encore dans une phase de découverte. Prenons les pièces de Beethoven par exemple. Les passionnés de mandoline savent bien que Beethoven a écrit pour la mandoline mais ces pièces-là étaient pratiquement inconnues de tous les spécialistes avec lesquels j’ai discuté de mon projet. Même si certains ont pu penser la chose bizarre, eh bien, oui Beethoven a vraiment écrit pour la mandoline. »


Comme aux débuts de l’enregistrement
Nous continuons notre conversation avec Julien. Nous l’avions questionné en tout premier lieu sur le musicien classique moderne. De sa réponse au programme de ce disque, tout est cohérent. « Musicien classique, cela implique de nos jours la nécessité de prendre en considération le contexte dans lequel on évolue. Il faut réfléchir à ce qui a déjà été fait pour servir la musique au mieux et ne pas faire de choses redondantes. De plus, les choses sont différentes pour celui qui joue d’un instrument rare comme la mandoline ou l’accordéon ou bien pour le pianiste et le violoniste. »
C’est que la mandoline est une chance pour le musicien et le public. Julien le dit très joliment : « Quand on est mandoliniste, on peut enregistrer comme aux débuts de l’enregistrement. Je m’explique. Un violoniste peut signer au disque le concerto de Brahms mais s’il le fait, et si son label le suit, cela sera la 500e version. Alors qu’à la mandoline, on est encore parmi les premiers à enregistrer le répertoire noble. »
Il ne vous reste qu’à découvrir ces pièces de jeunesse pour mandoline et piano du répertoire original de Beethoven. Elles ont tout de l’esprit beethovénien et ses deux interprètes savent en exprimer l’ampleur, toute de grandeur et de délicatesse mêlées. Quant à la sonate de Hummel, autre chef d’oeuvre rarement enregistré, elle est une découverte. Non pas seulement de son existence (Hummel est contemporain de Beethoven) mais aussi de la réflexion sur le son portée par Julien Martineau et Vanessa Benelli Mosell.
Les choix originaux de Julien Martineau et Vanessa Benelli Mosell

« Tout l’intérêt de la mandoline, c’est qu’on peut faire de véritables surprises. On le fait avec le répertoire original que le public ne connait pas et aussi avec quelques pièces comme celle de Walter Murphy. »
Eh oui. Ce disque « Beethoven suites » est une surprise. Hautement classique avec son répertoire original et noble. Hautement ludique avec ces quelques clins d’oeil faits à Beethoven. D’abord pour mieux appréhender le phénomène Beethoven-Mandoline, on écoute avec délice des oeuvres de jeunesse mais originales, puis une transcription de l’allegretto, extrait de la symphonie n°7 en la majeur (op.92). Beethoven jeune puis mature. La mandoline comme trait d’union.
Notons aussi l’enregistrement d’une création de Corentin Apparailly « autour de la lettre à l’immortelle bien-aimée« , le « rondino sur un thème de Beethoven » de Fritz Kreisler et enfin un arrangement par Bruno Fontaine de la pièce de Walter Murphy, « A fifth of Beethoven ». Un chef d’oeuvre de la culture pop, composé pour instruments électroniques, et transformé en pièce classique pour instruments classiques. Le monde à l’envers pour certains, et pour les autres un sourire amusé et charmé.
Beethoven suites …C’est donc cela un disque classique ? Oui. Du « grand » répertoire et beaucoup, beaucoup de créativité et d’invention. Parce que la mandoline est un instrument encore méconnu, elle permet peut-être de mieux poser les questions. Où est donc la musique classique ? Avec le disque de Julien Martineau et Vanessa Benelli Mosell, nous obtenons une réponse des plus gracieuses. Où est donc la musique classique ? Dans le pouvoir qu’elle détient d’être encore attrayante pour le public. Grâce au grand répertoire qu’on enregistre « comme aux premiers temps de l’enregistrement » et grâce aux créations et clins d’oeil au passé dont seuls les grands interprètes ont le secret.
Quelques extraits
Découvrez cet autre disque de Julien Martineau : Come Una Volta
Pour découvrir le label Naïve : cliquer ici : http://www.naive.fr/
Julien Martineau et Vanessa Benelli Mosell ont été photographiés par Bastien Internicola.
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