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Virgil Boutellis-Taft, envoutant violoniste en ces incantations

Incantation
Virgil Boutellis-Taft Incantation

Virgil Boutellis-Taft dévoile les pouvoirs incantatoires de son violon. En un programme où la musique dévoile ses pouvoirs magnétiques et ensorcelants, ce disque Aparté révèle le travail d’un virtuose qui transforme l’heure d’écoute en un instant de pure rêverie. Le soliste et le Royal Philharmonic Orchestra dirigé par Jac Van Steen proposent là un disque intellectuellement et musicalement très abouti.

Du texte païen à la musique

« Incantation, du latin Incantare. Le sens évolue du simple chanter tout court, en passant par le plus équivoque chanter des paroles magiques, jusqu’à l’inquiétant ensorceler. » De ces mots de Marc Trautmann (in Livret du disque), on se souvient des sources littéraires. Car les compositeurs, de l’époque baroque ou de l’ère romantique, ont à l’esprit les textes et les mythes gréco-latins.

Souvenez-vous. Horace, Satires, premier livre, VIII. Une statue de Priape (quand même…) raconte la scène de magie dont elle a été témoin dans un ancien cimetière. Au clair de lune. Les sorcières Canidie et Sagana déterrent des ossements et recueillent des herbes vénéneuses. Devant Priape, elles évoquent les morts et jettent des charmes aux vivants. Mais effrayées de la statue qui laisse échapper soudain un bruit, les démoniaques s’enfuient, laissant tomber leurs herbes et les rubans qui leur servent aux envoutements. (Dans le texte, les incatata lacertis vincula).

Des liens ensorcelants, des herbes vénéneuses, un cimetière au clair de lune, des ossements qu’on déterre… Nous ne sommes pas bien loin de la Danse macabre de Saint-Saëns, magistralement interprétée par Virgil Boutellis-Taft. Les mots d’Horace nous conduisent à la musique. Celle d’un disque où chaque morceau répond au précédent, est des instants profonds de lyrisme et d’imaginaire débridé.

De la musique au violon de Virgil Boutellis-Taft

Incantation, c’est le disque d’un violoniste qui travaille le pouvoir magique de la musique. Lui qui magnifie de son jeu intense et troublant des oeuvres fascinantes. Parfois diaboliques avec cette Danse macabre de Camille Saint-Saëns, présentée dans une orchestration vive et mordante. Parfois secrètes mais obstinées, avec cette Chaconne du baroque Tomaso Vitali. Magie encore, mais cette fois orientale avec un Poème pour violon et orchestre d’Ernest Chausson. Et puis des rituels, juifs, avec le Kol Nidrei de Max Bruch et le Nigun d’Ernest Bloch. En toutes ces pièces, la mélodie sert la ferveur et la répétition sert l’incantation.

De l’époque baroque à l’ère romantique. Du mystère païen au rituel juif. Entre concertos et poèmes symphoniques. Le violon charmeur, sombre rageur ou violent de Virgil Boutellis-Taft chante la magie et l’ensorcellement. Jusqu’à prêter aux images du film In the mood for love, une exquise interprétation du Yumeji’s Theme, écrit par Shigeru Umebayashi.


Ce violoniste brillant sait happer au plus profond de chacun la part non méthodique, déraisonnée et inconsciente de l’être. C’est là déjà le pouvoir supérieur de la musique. Mais seul un interprète de plus grand talent encore sait porter une folle partition virtuose jusqu’à la transfiguration. C’est dire combien ce disque, dans son absolue intégralité, offre une heure d’échappée belle.


Concerts à venir

2 mars 2020 : Salle Gaveau, Paris, avec les solistes de l’Orchestre Philharmonique Royal

21 mars 2020 : St John’s College, Annapolis, Maryland avec le chesapeake Youth Symphony Orchestra

13 avril 2020 : Berlin Philharmonie avec les solistes de l’Orchestre Philharmonique Royal

13 avril 2020 : Carnegie Hall, Zankel Hall avec les solistes de l’Orchestre Philharmonique Royal

Ecouter Virgil Boutellis-Taft (dans un programme différent du disque)

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