
Vivaldi, les couleurs de l’ombre… Un portrait en majesté de Vivaldi et de certaines de ses plus belles oeuvres pour violoncelle. Poétiquement nommé « I colori dell’ombra », le double disque de la violoncelliste Ophélie Gaillard et de son orchestre Pulcinella nous emporte en quelques notes dans la Venise de Vivaldi, éblouissante en ses jeux d’ombres et de couleurs travaillées. Un disque splendide paru le 20 mars 2020 chez Aparté.
Les couleurs de l’ombre vénitienne en Vivaldi
Le dernier disque d’Ophélie Gaillard pourrait-il être à Vivaldi tout ce que notre imaginaire collectif envisage de Venise ? Une ville, musicalement magnifiée par un compositeur si prolifique que la sérénissime semble s’être à jamais figée au son de ces notes reconnaissables entre toutes. Vivaldi et Venise, tout de brillance et de virtuosité unis ? Au son du violon, oui, peut-être. Mais au son profond du violoncelle d’Ophélie Gaillard, ce propos n’est que partiel.
La violoncelliste fait la part belle au concerto, en solo, à deux violoncelles ou à quatre (deux violons et deux violoncelles) ou même en duo basson-violoncelle. C’est alors la palette sonore d’un Vivaldi pénétrant et intense, tout en clairs-obscurs, qui atteint l’auditeur en plein coeur. A les entendre en ce disque, les sons graves longent presque, de façon mimétique, les murs des palais et des églises d’une époque où la lumière des bougies se jouait des creux et des reliefs des visages pour mieux dévoiler les âmes qui se cachent derrière. Les tempêtes frénétiques et virtuoses si consubstantielles au nom même de Vivaldi ne manquent pas certes. Mais elles sont comme tempérées, et explicitées, par quelques mouvements lents, plus douloureux, plus pesants et plus intérieurs.
Un portrait en majesté des chefs d’oeuvre pour violoncelle de Vivaldi

Ce n’est pas moins de neuf concertos pour violoncelle de Vivaldi qu’Ophélie Gaillard a choisi d’enregistrer. Ajoutant à cela quelques trésors chantés par la mezzo-soprano Lucile Richardot et la contralto Delphine Galou. Et sans oublier une pépite. Une reconstruction inédite du Concerto RV 788, dédié à la jeune Teresa, née en 1721, membre du choeur de l’Ospedalle della Pietà et muse de Vivaldi.
Ophélie Gaillard livre donc un majestueux portrait du violoncelle chez Vivaldi. Ses sonorités profondes nous convient en un instant derrière les murs des lieux arpentés par le musicien. Elles nous invitent à suivre le chemin d’une vie d’un compositeur dont la musique a épousé une ville qui n’est qu’esthétique. Du concerto RV 416, datable de la fin des années 1710, au concerto RV 424, datable de 1730 peu ou prou et qui est l’un des concertos pour violoncelle les plus tardifs de Vivaldi que l’on connaisse, on ressent les évolutions et les inflexions du style.
Mais, au fond, peu importe de savoir ou de ne pas savoir. Tel concerto est-il daté de telle ou telle période ? Etait-il dédié à l’une des pensionnaires de l’Ospedalle della Pietà ? Ou pas ? En écoutant ce disque, on se rend compte qu’il est bien moins nécessaire de savoir que de ressentir. Au son travaillé et empli de vécu, aurait-on envie d’écrire, d’Ophélie Gaillard, l’heure d’écoute est un moment hors notre époque et nos murs. Riche, onirique et réjouissant. Réjouissant oui, car ce disque est une splendeur qui pourrait sauver bien des heures perdues.

Un disque Aparté disponible à partir du 20 mars 2020.
Quelques extraits en cliquant ici : https://music.apple.com/fr/album/vivaldi-i-colori-dellombra/1499654465
Vivaldi encore…
En savoir davantage sur Ophélie Gaillard : http://opheliegaillard.com/
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