
Mouvement perpétuel. Voici un titre pris entre littérature et musique pour raconter une vie de soliste international. Une vie dédiée à la musique, rythmée par quelques mots depuis toujours ou presque : du temps et du travail.
Mouvement perpétuel est le premier livre du violoniste Renaud Capuçon. Publié chez Flammarion, il dévoile avec simplicité la longue réalité derrière la vocation et le talent. En appelant le lecteur au souvenir de Louis Aragon (et son recueil de poésies) et de Nicolo Paganini (et sa pièce pour violon et piano), Renaud Capuçon parle plus largement de culture. Ce qu’elle peut faire dans la vie des hommes et comment l’artiste qui jouit d’une renommée certaine en aide l’épanouissement.
Derrière la vocation et le talent, le travail
Il y avait un sens du travail et de l’effort qui était la somme d’une éducation rigoureuse et organisée, mais jamais autoritaire. Des heures de vie construites sur le respect et l’effort. La connaissance et la culture.
Renaud Capuçon, Mouvement perpétuel, p.29
Un premier livre doit-il nécessairement raconter l’enfance ? Sans doute pas. A moins que cette enfance ait porté en elle tout ou presque de la vie future de son personnage. D’un premier chapitre intitulé En scène qui capture ce moment où l’artiste, encore dans sa loge, s’apprête à entrer en scène, Renaud Capuçon vient vite à ce qui fût essentiel. Des années d’apprentissage de la musique passées au sein d’un cocon familial simple et chaleureux, tout entier dédié à la culture, et prêt à beaucoup de sacrifices. Et plus largement, une vocation née très tôt. « Sitôt arrivé, je n’en peux plus d’attendre, je piaffe derrière la porte de la salle de concert, tendant l’oreille pour entendre les musiciens qui finissent de répéter le deuxième trio de Schubert. J’ai maintenant huit ans et ma vocation ne cesse de s’affermir en moi. C’est sûr, je serai musicien. Ce sera cela et rien d’autre. »
Enfant groupie du milieu de la musique classique, le voilà qui collectionne sur un cahier des autographes de tous ceux qu’il admire. Le signe est là. Il faut progresser toujours, travailler encore, dans la concentration, le calme et la détermination. Les pages que le soliste consacre à ses années de formation transpirent de cette obsession du travail acharné et régulier. Elles sont un rappel salutaire. Le succès espéré exige le travail sans retour immédiat. L’excellence impose l’abnégation, longue et tenace. Le succès enfin obtenu n’a qu’une saveur éphémère tant il appelle de suite un autre défi. C’est cela aussi qu’on lit dans ce livre.
Mouvement perpétuel : où les mots pèsent autant que les notes

La grande dame Veda Reynolds lui avait bien dit : « Il faudra du temps ». Tout évolue et toujours. A mesure que le musicien mûrit, l’oeuvre évolue et se transforme. A mesure que le musicien grandit, il sait toujours un peu plus ce qui donnera du sens à sa vie. Que celui qui pensait Renaud Capuçon soliste uniquement lise Mouvement perpétuel. Musicien d’orchestre aux débuts, chambriste toujours convaincu et désormais tenté par la direction d’orchestre. Renaud Capuçon aime partager et transmettre plus que tout.
La pratique de la musique de chambre est jubilatoire. Elle est aussi une école de la vie. Il faut savoir écouter l’autre. (…). C’est la meilleure école pour l’égo … pour laisser place à la musique.
Renaud Capuçon, Mouvement perpétuel, page 120.
Dans ce livre Mouvement perpétuel, les mots pèsent autant que les notes. Renaud Capuçon raconte, très simplement, ses espoirs de jeune violoniste, les succès escomptés puis remportés, les coups plus malheureux du destin et le quotidien d’un musicien à la renommée internationale. Il y a bien sûr les petites histoires et les anecdotes qui font de la lecture de ce livre un moment de divertissement certain. Toutefois, l’intérêt du livre est ailleurs. En invitant ses lecteurs à rentrer dans sa vie d’artiste complet, Renaud Capuçon, musicien brillant, féru de littérature et d’arts, envisage le rôle qu’il aime tenir sur scène et dans la société. Il contribue ainsi à préciser le message. L’excellence n’a de corollaire que le travail. Et le plaisir qui naît grâce ce travail peut changer la vie de bien des hommes et des femmes. La culture est ce qui nous tient tous debout et droit…
7h57 Am-Pm (Extrait)
« En 2009, le réalisateur Simon Lelouch – fils de Claude – me contacta pour me proposer un projet. Il avait lu l’article du Washington Post consacré à une expérience faite par le violoniste Joshua Bell, et voulait la reproduire avec moi en vue d’un court-métrage. L’idée était la suivante : le journal avait demandé à Joshua Bell de jouer dans le métro, habillé simplement alors qu’il venait de donner un récital à guichets fermés au Kennedy Center. Il avait recueilli quelques pièces de monnaie, et personne n’avait reconnu ou sembler apprécier le fait que ce violoniste de haut niveau puisse jouer dans le métro. Simon Lelouch me demanda de faire la même chose à Paris. (…) Ce fut une belle aventure, une leçon d’humilité. » (Extrait de Mouvement perpétuel, chapitre 24).
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Renaud Capuçon est photographié par © Laurent Speller-Ars Magna 2 – Photo publiée avec l’aimable autorisation de Erato-Warner Classics
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