
ON TOUR, c’est un concert idéal. Composé de pièces qu’on ne connait pas forcément mais qui forcent l’admiration et l’enthousiasme, ce disque rassemble tous les espoirs.
Raphaël Sévère (clarinette) et Paul Montag (piano) publient, en effet, chez Mirare un disque plaisir. Pour les musiciens, pour le public et pour les organisateurs de concerts qui vont pouvoir puiser là bien des nouveautés.
On tour aux USA : des souvenirs de road trips
C’est en riant que Raphaël Sévère raconte les origines du disque. « Le titre de notre disque « On tour » fait référence à nos souvenirs de tournées aux Etats-Unis. » Raphaël Sévère et Paul Montag ont, en effet, donné une cinquantaine de concerts suite au recrutement de Raphaël par l’agence américaine Young Concert Artists. « Les tournées sont de sacrées aventures musicales et humaines. Quand on joue, pendant une durée d’un mois et demi, dix ou douze fois le même programme, il faut vraiment s’apprécier humainement parce qu’on passe tous les moments entre les concerts ensemble, y compris les voyages. Il faut aussi s’entendre musicalement. Sinon, c’est un peu ennuyeux. »
Les deux compères s’entendent à merveille. Ils ont « des souvenirs de road trip très très sympas ». De salles prestigieuses en lieux plus iconoclastes, les USA ont déroulé aux deux artistes son tapis de couleurs. « En Floride, nous avons été logés dans un motel vraiment périphérique. Cela faisait tellement film d’horreur que nous nous étions amusés à nous faire peur. Et celui venu nous chercher avait dans sa boîte à gants une arme à feu. Quand même ! Sans compter le regard. Louche. »
Ailleurs, les conditions sont plus conformes à l’image que se font les français du pays. « Pour New York, on nous avait donné une adresse. Il faut savoir que souvent nous étions logés chez des mécènes. Donc, nous nous rendons à l’adresse. Très belle adresse, non loin de la cinquième avenue. On nous avait dit : « Vous n’aurez qu’à sonner chez NORTON. » Ok. Très facile. Nous arrivons. L’immeuble est plutôt petit pour New York. Douze étages seulement. Mais bon, toutes les sonnettes portaient le nom NORTON. En fait, l’immeuble appartenait à une seule personne et nous avons pu loger aux second et troisième étages. » Raphaël rit encore.
Un programme qui plait au public

Au programme, Witold Lutoslawaski, Francis Poulenc, Leo Weiner, Béla Bartok, Leonard Bernstein et Raphaël Sévère.
Au cours de leur tournée, les deux jeunes musiciens ont noté, chez le public, quelque réalité différente du discours généralement porté dans le milieu professionnel de la musique. « Ce qui plaisait au public, ce n’étaient pas les pièces les plus connues ou les compositeurs les plus rassurants. De façon générale, c’étaient les pièces modernes comme celles de Lutoslawski, Bartok, Poulenc ou Bernstein qui produisaient le plus d’effet. Ainsi, une pièce de Brahms était appréciée, bien sûr. Mais si ensuite, on jouait la sonate de Bernstein, tout le monde se levait et on ne parlait alors plus que de cela ».
Raphaël Sévère ne fait pas l’apologie d’un anti-classicisme ou d’un anti-romantisme. « Surtout pas, car j’adore cette musique là aussi. Ce que je suis en train de dire, c’est que, très souvent en France, on me refuse de présenter en concert des pièces de Lutoslawski ou de Bernstein parce qu’on pense que ces pièces, peut-être moins connues, vont ennuyer le public. » Dans la pratique, les pièces choisies par Raphaël Sévère et Paul Montag pour ce disque sont celles qui ont plu au public lors de cette tournée américaine. Un concert idéal galvanisant du début à la fin, pour le plaisir uniquement.
Ma discographie était, jusqu’à ce disque, faite de choses très sérieuses. Là, je propose un programme de concert pétillant.
Raphaël Sévère
De l’énergie et de l’entrain, c’est tout
Certains mots conviennent particulièrement à ce disque. De l’énergie, de l’entrain, du feu. Les Préludes de danse de Witold Lutoslawski sont des pièces à rebondissements, avec beaucoup de fantaisie. La Sonate pour clarinette et piano de Bernstein ? Entre humour et ludisme, on ne sait que choisir. Mais cette pièce, extrêmement difficile à mettre en place, instille en nous joie et bonne humeur. Les Danses populaires roumaines de Béla Bartok, légères et chaleureuses, enchantent.
Sans énumérer la totalité du programme, on perçoit dans ce disque ce que Raphaël Sévère et Paul Montag ressentent sur scène. De la joie et de l’enthousiasme. Raphaël Sévère le dit très simplement. « Ce sont des pièces qui nous plaisent et qui plaisent au public. Il est vraiment galvanisant pour un musicien de jouer des choses difficiles. Mais la virtuosité n’est jamais gratuite. Nous voulions créer un beau programme de concert et quelque chose qui donne envie. »
N’oublions pas le « bis » composé par le clarinettiste et qui clôt le disque. « Durant les tournées américaines, je m’amusais à écrire des bis. Je faisais de petites esquisses, des expérimentations, des choses parfois très courtes, parfois plus longues, et dans des styles différents. J’ai d’abord commencé en écrivant la seconde partie avec à l’esprit quelque chose qui soit « de concert », quelque chose sans ambition, comme un bis. Je l’ai ensuite complétée avec une première partie plus ardue et plus travaillée. Les deux constituent une sorte de miroir inversé. »
ON TOUR : le concert pétille
Raphaël Sévère et Paul Montag offrent au public un vent de liberté. Ce disque On tour, c’est de l’énergie et de l’entrain. Et dans ce duo d’artistes incroyablement bien équilibré, il y a une harmonie qui rend heureux et une volonté d’emmener le public sur des chemins de traverse, loin de l’autoroute. Très loin de l’autoroute. Et c’est tant mieux !
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