Fanny Robilliard (violon) et Paloma Kouider (piano) livrent au label Evidence un disque parfaitement romantique et parfaitement réussi. Une visite chez Monsieur et Madame Schumann. Comme si on frappait à la porte, un dimanche midi. Et que le piano sonnait, du fond de la pièce.
CHEZ LES SCHUMANN comme un dimanche….

Un disque parfaitement romantique
Fanny Robilliard et Paloma Kouider parfaitement romantiques
Le programme est un entrelacement de pièces pour violon et piano des époux Schumann et de leur entourage proche et intime : l’élève fidèle, Albert Dietrich, et Johannes Brahms. L’idée est non seulement plus originale que la classique alternance de pièces de Robert et de Clara Schumann mais elle est aussi plus précise. En réunissant les compositeurs de la fameuse Sonate F.A.E, en mariant leurs pièces à la musique de Clara Schumann, Fanny Robilliard et Paloma Kouider invitent dans la grande maison Schumann. Et pas seulement au sein du couple. Mieux encore, l’écoute des Trois Romances pour violon et piano Op.22 de Clara Schumann, ainsi associée et mariée aux autres pièces écrites par Robert Schumann et Johannes Brahms rend subtilement compte d’une réalité historique et artistique qu’il était important de peindre avec délicatesse.
Enfin, comme au coeur du disque, l’allegro de la Sonate pour violon et piano F.A.E écrite par Albert Dietrich. Signal peut-être pénible d’une vie de compositrice malmenée par le poids de la maternité, le scherzo a, en effet, été confié à Johannes Brahms. Tandis que l’Intermezzo et le Final ont été réservés à Robert Schumann. Signe d’un dédain de Robert pour Clara ? Ainsi que l’écrit David Le Marrec dans le livret passionnant, « On ne connait pas les raisons profondes de ce dédain ; les exégètes proposent l’épuisement mental et physique de Robert, celui de Clara également (dans sa huitième grossesse), et un enthousiasme modéré du compositeur, en réalité, pour les oeuvres de son épouse. Celle-ci ne tint pas de rancune, puisqu’elle joua par la suite souvent cette Sonate F.A.E. »
Ce disque est une immense réussite. Peinture musicale d’un microcosme musical, il l’est aussi en raison d’une entente parfaite entre les deux musiciennes. Un peu à l’image de la famille musicale qu’elles font revivre. Avec ses éclats de succès et ses ambiguïtés.