Don César de Bazan, l’inédit écrit à la vitesse de l’éclair

Don César de Bazan

Don César de Bazan est le premier ouvrage d’ampleur écrit par Jules Massenet. Ecrit comme cela, l’information laisse le lecteur sans avis particulier. Ajoutons donc quelques éléments de contexte. L’histoire de cet opéra-comique devient très attachante. D’autant que la version donnée au disque par L’Orchestre des Frivolités Parisiennes dirigé par Mathieu Romano et l’Ensemble Aedes laisse l’auditeur impatient de futures représentations.

Don César de Bazan, l’opéra-comique d’un jeune Massenet prêt à relever un sacré défi

Nous vous parlions d’histoire. La voici racontée dans le livret du disque par Robert Ignatius Letellier. Imaginons donc une époque où le romantisme était encore pregnant. Une époque où des personnages hauts en couleur comme Ruy Blas et Don César de Bazan faisaient forte recette. Merci Victor Hugo et ses inspirés nombreux.

Don César de Bazan

Une belle époque du spectacle également. A Paris. A l’Opéra-Comique bien sûr. Même si, très exactement, Camille du Locle, directeur de l’Opéra-Comique avait grandement besoin de proposer à son public un succès. Plusieurs échecs consécutifs avaient fait de lui un personnage pressé.

Voici donc que « le texte concocté par les librettistes fut proposé au jeune Jules Massenet. Les créateurs avaient puisé sans vergogne dans la vénérable tradition de l’opéra-comique telle qu’elle s’était développée depuis le XVIIIe siècle avec Grétry, Philidor, Monsigny, Dalayrac, Isouard, Berton, Boieldieu, Hérold, Auber, Halévy et Adam, mais en désavouant toutes les formules toutes faites qui caractérisaient le genre depuis si longtemps. Massenet accepta de relever le défi de cette production éclair et se retira à la campagne pour écrire la partition, l’achevant en l’espace de quelques semaines. » (Robert Ignatius Letellier)

L’histoire continue

Don César de Bazan a un destin. Tièdement accueillie par le public français, l’oeuvre n’est représentée que treize fois à l’Opéra-Comique entre la fin de l’année 1872 et le début de l’année 1873. L’échec ne suffisant pas, les partitions brûlent dans l’incendie de la Salle Favart en 1887. Voici Massenet qui se remet au travail à partir de la partition vocale et réorchestre l’oeuvre.

Encore une fois, Massenet écrit vite, et bien. L’oeuvre est créée en 1888 à Genève. Le compositeur y déploie des variétés d’écriture nombreuses et chatoyantes qui forcent l’admiration. Avec Don César de Bazan, il n’est pas seulement question de personnages pittoresques et colorés à l’espagnole. Le style de Massenet, tel qu’il apparaîtra dans ses oeuvres futures, est déjà bien là. Il s’y affirme même tout au long des quatre actes.

Des musiciens plongés au coeur d’un travail de lecture rigoureuse d’une oeuvre inédite

Les Frivolités Parisiennes

Les musiciens de l’Orchestre des Frivolités Parisiennes dirigés par Mathieu Romano ainsi que l’Ensemble Aedes se sont plongés au coeur d’un Don César de Bazan, inédit et tombé dans un oubli profond. Avec une énergie très sensible, ils sont laissés absorber et envelopper par cette oeuvre drôle et émouvante.

Laurent Naouri est un Don César sympathique, à la voix ronde et chaleureuse. Elsa Dreisig, Marion Lebègue et Thomas Bettinger se distinguent par leur sens de la musicalité. A les écouter, aucun doute. Plonger dans une oeuvre inédite certes, mais surtout comique et même parfois touchante, les transporte tous. Nul doute que la direction vive et énergique de Mathieu Romano a fondé la cohésion du groupe. Se limiter à ce commentaire serait toutefois partial. Ils ont trouvé là une oeuvre qui mérite d’être découverte par le public actuel. Mais sans le travail, le talent et l’envie, cet inédit n’aurait de valeur qu’épisodique. Il n’en est rien. Tellement rien que notre impatience à les écouter sur scène est certaine.

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