
Bizet Sans Paroles, un portrait très réussi par Nathanaël Gouin
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Bizet, le pianiste qui ne voulait pas compromettre son rêve
Ce monsieur là avait bien du caractère. Il aimait tant l’art lyrique que son propre talent de pianiste concertiste virtuose lui semblait devoir être caché. Rien, pas même le piano donc, ne devait compromettre son rêve : composer pour la voix et l’opéra. Pourtant Georges Bizet était un pianiste extrêmement talentueux et un compositeur de pièces pour piano de grande valeur. Voici donc aujourd’hui un portrait inhabituel de Georges Bizet, un portrait qui nous est livré par le pianiste Nathanaël Gouin et son disque : Bizet Sans Paroles.
Bizet, inspiré de toutes parts
Bizet sans paroles, voici un titre particulièrement bien choisi. On connaît les Romances sans paroles de Félix Mendelsohn. Ces huit recueils de pièces brèves pour piano ont été publiés entre 1830 et 1868. En 1874, inspiré par Mendelsohn, Paul Verlaine publie quant à lui Romances sans paroles, recueil de poésie composé au cours de voyages faits en compagnie d’Arthur Rimbaud et qui marque l’intérêt du poète pour l’impressionnisme.
Nathanaël Gouin ne pouvait trouver titre plus juste au disque qu’il vient de publier au label Mirare. Dans ces années 1865-1868, Georges Bizet écrit pour le piano des pièces qui s’inscrivent dans son époque de la façon la plus précise. Avec les Chants du Rhin en 1865, par exemple, il assume l’inspiration venue de l’Est, tout en appelant d’autres contrées comme l’Italie ou l’Espagne. Le Bizet qu’on écoute ici est un romantique, mais français. On regarde du côté de Schumann ou de Mendelsohn mais l’Italie le fascine, et l’Espagne l’enchante.
Bizet pianiste virtuose compose en 1868 les Variations Chromatiques inspirées par les trente-deux variations en do mineur de Beethoven. Ces variations Chromatiques par Nathanaël Gouin sont absolument superbes, même si Bizet s’estime « tout à fait content » de ce morceau « traité très audacieusement. »
Nathanaël Gouin termine ce portrait de Bizet en rappelant que l’exercice de la transcription pour piano a été multiple et riche au 19e siècle. Voici donc le Menuet de l’Arlésienne de Bizet transcrit par Rachmaninov. Puis le Concerto pour piano et orchestre n2 op22 de l’ami Saint Saëns transcrit par Bizet lui-même. Enfin, la très belle relève avec Venise, une paraphrase sur la romance de Nadir, extrait des pêcheurs de perles, par Nathanaël Gouin lui-même.
Un disque d’une incomparable beauté
Bizet compositeur et pianiste ne pouvait trouver interprète plus juste que Nathanaël Gouin. Ce pianiste dont le son est si pur, rassemble en lui bien des traits qui ne déplairait aucunement au grand Bizet. Une sensibilité capable de traduire aussi bien le sens germanique du poétique que la folle douceur italienne. Des qualités techniques incomparables qui ne sont jamais utilisées à des fins de démonstration. Enfin beaucoup de curiosité. « Bizet Sans Paroles », voici donc un disque absolument splendide à découvrir au Label Mirare.
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