
Henri Blanchard, critique musical français, décrit Clara Wieck-Schumann alors âgée de 20 ans, comme « le lion musical du moment, le Thalberg féminin du piano ».
Ce lion (nous n’écrivons pas volontairement « cette lionne ») avait seize ans lorsqu’il termine la composition d’un concerto pour piano et orchestre, somptueux, unique dans l’oeuvre de Clara et venant bien avant celui de Robert. La création en 1835 au Gewandhaus de Leipzig, éblouit. Clara est au piano. Félix Mendelssohn dirige.
Les qualificatifs employés par les critiques musicaux se révèlent parfois déplacés. On recherche le mot qui pétille tout seul sur la page. On en oublie les vertus de l’indéfini et les délices du renouvellement infini, d’un concert à l’autre. La formule de Henri Blanchard n’en finit donc pas de nous amuser. Bon nombre de nos contemporains interrogeront, à tout le moins, ici un usage du masculin irrespectueux du génie féminin d’une Clara empêchée dans son destin de compositrice. Nous préférons nous interroger.
Auditorium de Radio France en janvier 2021 : Vanessa Benelli Mosell inspire
Vanessa Benelli Mosell et Mikko Franck en répétitions, 8 janvier 2021
A écouter, en ce vendredi 8 janvier 2021 à l’Auditorium de Radio France Vanessa Benelli Mosell interpréter le concerto pour piano et orchestre de Clara Wiek-Schumann, oserait-on parler d’elle comme du lion musical du moment ? Non bien sûr. L’époque n’est plus ainsi. Les plumes sont moins enthousiastes par principe et plus prudentes par nécessité. Pourtant, 186 ans après la création de ce concerto au Gewandhaus de Leipzig, la pianiste italienne Vanessa Benelli Mosell impose le respect. Quelques cent ans de moins, et elle aussi serait qualifiée de lion musical du moment. Nous lui dirons ici, plus sobrement, à quel point elle nous inspire.
De cette oeuvre initialement rêvée en un seul mouvement pour se muer en un chef d’oeuvre en trois mouvements, on retient un sens fou de la poésie, capable des plus sublimes emportements. Dans la délicatesse comme dans la force. Vanessa Benelli Mosell est tout cela à la fois. De sa force de jeu rentré et opiniâtre, elle dévoile la maturité de l’oeuvre. De sa musicalité, elle enchante. Fine, raffinée et déterminée, en parfait équilibre avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par le très sensible Mikko Franck. Concluons donc, avec les critiques musicaux, qu’un lion musical a salué, ce soir-là sur la scène de l’auditorium de Radio France, un autre lion musical.
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Les photographies de cette publication ont été prises par C.Abramowitz (Radio France) à l’exception de celle ci-dessus qui a été prise par Anne-Sandrine Di Girolamo.