Haïti mon amour : récit d’un métissage musical unique

Haïti mon amour

Haïti mon amour. Titre quelque peu naïf pourrait-on écrire si on ne prêtait attention à la peinture devant laquelle la jeune pianiste Célimène Daudet a choisi de poser. Révérence à un art pictural reconnu par André Malraux puis André Breton. Référence à une culture imprégnée par le culture vaudou. Retour et découverte d’une génération de compositeurs grâce à ce très beau disque disponible au label NoMadMusic.

Haïti mon amour : une génération méconnue de compositeurs

Avec son disque Haïti mon amour, Célimène Daudet emmène à la rencontre d’une génération méconnue de compositeurs haïtiens. Entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, des musiciens (parfois formés au Conservatoire de Paris), ont opéré un intéressant mariage entre le romantisme européen et la musique traditionnelle haïtienne, voire le rythme vaudou.

Haïti a longtemps été pour moi un pays lointain, celui de ma mère, pas le mien. J’ai grandi entourée de tableaux naïfs haïtiens (…). Bien des années plus tard, je ressentis le besoin profond et impérieux d’aller à la rencontre de mes racines haïtiennes. (…) Rien ne m’avait préparée au bouleversement que fut mon retour en Haïti…

Célimène Daudet, in HaÏti mon amour

Accompagnée par la Société de recherche et de diffusion de la musique haïtienne, la jeune pianiste a confronté quelques obstacles. L’absence quasi systématique de documentation mais aussi l’absence de publication des partitions. En effet, à l’exception des pièces de Justin Elie, les pièces enregistrées dans ce disque ne sont pas publiées. On mesure l’intérêt de cet enregistrement.

Voici donc enregistrés ici Ludovic Lamothe (1882-1953), Justin Elie (1883 -1931) et Edmond Saintonge (1861-1907). Justin Elie est le plus connu de tous. Formé au conservatoire de Paris, émigré aux Etats-Unis en 1922, il connaît le succès. Son travail pour le cinéma muet est reconnu. Ses pièces sont publiées. Ludovic Lamothe, surnommé à Port-au-Prince, le « Chopin noir » écrit des pièces subtiles sans céder à la facilité, mariant ses amours pour le romantisme avec sa propre culture créole. Edmond Saintonge enfin, également formé au Conservatoire de Paris, remet à l’honneur la meringue, danse populaire et symbolique. Tout comme Justin Elie d’ailleurs.

De belles découvertes grâce à ce disque Haïti mon amour, au label NoMadMusic.

Concert au Théâtre Claude Levi-Strauss, 7 mars 2021